Chouchouté par les musées parisiens, Albert Lemant, après sa collaboration avec le Musée du Quai Branly, publieGustave dort, en marge de l’exposition Gustave Doré (1832-1883) – L’imaginaire au pouvoir du Musée d’Orsay. D’origine ukrainienne par son grand–père, il déjoue, entre rires et larmes, une actualité tragique en se réfugiant dans une somptueuse fantasmagorie.
Hommage à tous les faiseurs d’images, l’album reprend la structure et la scène initiale de Cuisine de nuit de Maurice Sendak, lui–même se référant à Winsor McKay : le tout jeune Gustave Doré s’évade, par le rêve, du prosaïsme de sa chambre et de l’autorité revêche de sa mère, pour rencontrer, dans son périple onirique, tous les personnages qui peupleront ses illustrations. Seule touche de couleur dans des planches à l’encre noire travaillées comme des eaux-fortes, l’impertinente petite poule que, selon la légende, il aurait barbouillée de vert, sautille et volette entre le Baron de Münchhausen et la Reine de Lewis Carroll, Don Quichotte et le Tzar de la Sainte Russie, Gargantua et les héros des Contes de Perrault, tout en gardant un œil sur les maisons alsaciennes de son Strasbourg natal. Le petit Gustave entraperçoit les trois brigands de Tomi Ungerer, traverse la forêt enchantée de Chère Mili, croise le Griffon sans son petit chanoine, puis, se confondant avec Max, chevauche, dans une sublime double–page, les Maximonstres en délire.
Albert Lemant
Gustave dort
L’Atelier du poisson soluble – Musée d’Orsay, 2014. Dès 8 ans.
par : Parole
Revue