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André François, géant des arts
une conférence organisée par
Société d'émulation d'Abbeville
André François (1915-2005) fut l’un des plus grands graphistes du XXème siècle. Virtuose dans toutes les techniques, peintre, sculpteur, décorateur de théâtre, affichiste, dessinateur de presse, il fut aussi l’illustrateur de quelques inoubliables titres pour adultes et pour la jeunesse dont de nombreux, parus aux USA, ne furent jamais traduits en français. Le plus célèbre, Les Larmes de crocodile, fut traduit en 23 langues. Il illustra aussi un incontournable de Jacques Prévert, Lettre des îles Baladar, mais aussi Balzac, Diderot, Queneau, Vian, Jarry (inoubliable Ubu roi) et tant d’autres…
Affichiste de génie, il créa des centaines d’affiches commerciales et culturelles et certaines campagnes publicitaires, comme celle de Citroën ou comme le papillon-lecteur de L’école des loisirs, ont fait date dans l’histoire du graphisme et sont connues du grand public même si on en ignore, le plus souvent, l’auteur.
Décorateur de théâtre et de ballet, créateur de génériques de films, il collabora, entre autres, avec Gene Kelly, Michel Legrand, Roland Petit et Roman Polanski mais, homme discret s’il en fut, il fuyait les projecteurs et le tumulte des médias.
Il dessina avec jubilation dans la presse anglaise (Punch, Lilliput...), française (Le Monde, Le Nouvel Observateur, Télérama...), et surtout américaine (Fortune, Life, Vogue, The New York Times...). Consécration suprême, il publia, au New Yorker, une belle cinquantaine de couvertures.
Son style balayait tous les registres, du tendre et joyeux au grinçant et douloureux : un talent multiforme exceptionnel.
Son courage, son talent, son énergie, son intelligence, son imagination, bref sa personnalité hors du commun firent de lui la « référence » aimée et admirée de trois générations d’illustrateurs à travers le monde. Ami de Ronald Searle, de Calder, de Folon, de Tomi Ungerer, de Pierre Etaix, de Ben Shahn, il influença durablement des personnalités aussi différentes qu’Étienne Delessert, Grégoire Solotareff ou Elzbieta.
Sosie de Gary Cooper à la dégaine de grand cow-boy solitaire et secret, André François, exposé dans le monde entier, vénéré aux États-Unis, adulé au Japon, fut, sans conteste, un géant des arts.
Mardi 8 octobre 2009 à 18h30. Espace culturel Rex à Abbeville.
Janine Kotwica, critique spécialisée dans l’illustration et les arts graphiques, organise de très nombreuses expositions d’originaux en Europe, écrit dans diverses revues spécialisées (Parole, Griffon, Revue des livres pour enfants, Ricochet, Les Arts dessinés, Mémoire d’images…) et assure des formations aux métiers du livre en France et à l’étranger (Belgique, États-Unis, Italie, Suisse, Nouvelle Zélande, Lituanie, Maroc, Tunisie, Sénégal, Mali, Bénin, Côte d’Ivoire…). Amie d’André François et de sa famille, elle a fondé le Centre André François dont elle fut, de 2010 à 2014, la directrice artistique.
FB Janine Kotwica
www.janinekotwica.com
Présentation de Nicole Dupré
Janine Kotwica, 45 ans ou presque d’amitié partagée…
Janine, je l’ai connue alors que nous suivions ensemble les cours de Michel Crouzet à l’université d’Amiens sur Flaubert… Janine Kotwica, Louise Bercez et moi nous n’allions pas tarder à faire plus ample connaissance.
Janine arrivait de l’Oise (Verneuil-en-Halatte). Elle préparait l’agrégation. Plus modestement Louise et moi visions le Capes. Janine nous impressionnait par son charisme, sa présence, son aisance face aux enseignants rapidement devenus ses amis. Mère de deux petites filles – des jumelles – elle avait forcément plus d’expérience que nous. Et elle était brillante.
Quant à moi, elle m’intriguait, courant la ville entre deux cours et revenant chargée de paquets, non pas des emballages luxueux mais des objets enveloppés dans du papier journal et posés dans des sacs plastiques hétéroclites. Ma curiosité n’a eu de cesse d’être satisfaite…
Elle faisait les antiquaires ou mieux encore, les brocanteurs amiénois à la recherche d’urinoirs qu’elle collectionnait… J’avais déjà le goût des choses anciennes mais avec elle, je découvrais les faïences… Et notamment celles de Creil et Montereau. Les Creil en creux, les différentes marques, terre de fer, émail sans plomb… et j’en passe. Elle savait tout. Nous n’allions par tarder à découvrir son univers : Roland son mari accueillant et tellement bienveillant pour Janine. Amyel et Aude qui allait devenir ma filleule de cœur. La maison de Verneuil et surtout celle de Moru en cours de restauration à quelques pas du petit village d’Yvillers entre Senlis et Compiègne où reposait ma grand-mère maternelle et où résidait un oncle maternel devenaient des lieux familiers… Yvillers, Rhuis, Villeneuve- sur -Verberie, Saint-Maximin, Vineuil-Saint-Firmin…autant de villages ou bourgs découverts avec elle. J’étais sur le point d’acquérir une maison. Janine me fit connaître Maisons Paysannes de France. Elle n’eut de cesse que je rencontre Aline et Raymond Bayard, délégués de l’Oise.
Si je passais deux jours à Moru, une journée au moins était consacrée aux expositions à Paris, une autre bien sûr à courir chez les brocanteurs du coin. Plus tard, professeur à l’IUFM de Beauvais, Janine pouvait faire partager aux futurs enseignants une autre de ses passions : la littérature de jeunesse, ses auteurs et surtout ses illustrateurs. A la faveur d’expositions ou de manifestations diverses, elle nous faisait découvrir les plus grands : Georges Lemoine, May Angeli, Jean Claverie, Philippe Dumas, Quentin Blake, Claude Ponti, François Place et tant d’autres…
Frédéric Clément n’avait plus de secret pour nous et son magasin zin-zin non plus…
Et Janine, devenue une experte, commençait alors une longue carrière de spécialiste des arts graphiques. Directrice artistique du centre André François qu’elle avait créé à Margny- les- Compiègne, elle parcourait le monde : le Bénin, la Nouvelle Zélande, la Tunisie, les Etats-Unis pour faire découvrir les artistes. On n’en finirait pas de citer catalogues, expositions, rencontres, salons, conférences… et n’oubliant pas cependant de faire parler d’elle sur nos terres. D’ailleurs elle était de chez nous maintenant que Roland et elle avaient acheté une maison à Saint-Valéry.
En 2010, elle organise à Amiens une exposition intitulée « Quand les illustrateurs de jeunesse dessinent pour les grands », exposition censurée par les autorités départementales. Qu’à cela ne tienne, elle sera hébergée par l’Ordre des Avocats du Barreau d’Amiens du 14 octobre au 5 novembre 2010 et elle s’intitule alors « Censored exhibition ».
Plus près de nous, elle provoque la rencontre d’un auteur Gwenaëlle Abolivier, d’un illustrateur Zaü et d’un éditeur Hong-Fei pour concevoir un album à destination des jeunes sur le cimetière chinois de Nolette, ce qui donne un très bel ouvrage intitulé « Te souviens-tu de Wei ? histoire d’un travailleur chinois de la grande guerre »
Insatiable Janine… merci d’être venue à Abbeville ce 8 octobre 2019 pour nous faire découvrir l’oeuvre d’André François…