© Bullot, 2003
Cocottes en papier:
la gent gallinacée et le livre illustré
Si on ouvre le Littré à la rubrique « coq », on trouve comme première définition « mâle de la poule » , ce qui nous renvoie automatiquement à l’article « poule »: « femelle du coq ».
Le Robert est un peu plus précis pour le coq: il y est défini comme « oiseau de basse-cour, mâle de la poule » et la poule toujours comme « femelle du coq ».
Larousse, seul, ne fait pas allusion au sexe de l’animal, du moins pour le mâle: « coq »: « genre d’oiseau gallinacé » mais à « poule », on retrouve encore »femelle du coq ».
Difficile, décidément, de les définir isolément l’un de l’autre!
Impossible, en tout cas, d’évoquer l’un sans rencontrer l’autre…
Le poussin, quant à lui, fait l’unanimité: c’est « un « poulet nouvellement éclos », sans références parentales, si ce n’est l’allusion implicite à l’oeuf originel.
Il sera évidemment impossible de relever toutes les occurrences poulaillères dans la littérature.
Coq et poules apparaissent, a vec des significations diverses, dans de nombreux proverbes et comptines, dans Le Roman de Renard ou les Contes de Canterbury, chez La Fontaine, avec, dans le sillage d’Esope ou de Phèdre, quelques fables aux significations très disparates, dans de nombreuses variantes de contes traditionnels de nos provinces, dans des récits inspirés de mythes et croyances exotiques, dans le truculent Chantecler d’Edmond Rostand, et ils se grattent une place de choix dans la littérature de jeunesse contemporaine.
On peut donc tenter d’esquisser les grandes lignes d’un portrait de la famille gallinacée tel que nous le livre l’édition des deux derniers siècles, à partir de ces écrits très divers, illustrés magistralement par les plus grands noms de l’histoire du graphisme, les Gustave Doré, Granville, Bertall, Wilhelm Busch, Benjamin Rabier, Joseph-Porphyre Pinchon, Auguste Vimar, Alain de Saint-Ogan, André Pécoud, Samivel… mais aussi de remarquables illustrateurs et dessinateurs de presse contemporains comme André François, dont on trouvera les références dans la bibliographie jointe.
Témoignant de leur universalité, les différents thèmes de cet exposé sont annoncés par des proverbes de la sagesse populaire et littéraire:
Qui naît poule aime à gratter
ou Coq et poule, des animaux de la ferme
Comme la plupart des bêtes, domestiques ou non, même si elle est présentée dans son habituel cadre de
vie, la volaille n’échappe guère à l’anthropomorphisme: coqs et poules, dans les livres, ou sur la scène des théâtres (ainsi celui de Rostand), se comportent comme des humains.
Il y a cependant quelques exceptions, où ils sont résolument représentés comme des animaux de basse-cour, soit que la visée des éditeurs soit documentaire, soit que l’animal, même porteur d’un message symbolique, psychologique ou philosophique, garde néanmoins toutes ses qualités génériques.
Les imagiers anciens et contemporains font la part belle à la basse-cour, ainsi Sabran et Dupuich dans Les animaux de la ferme, ou Traviès et Chapuis dans leur Alphabet illustré des oiseaux ou, tout près de nous, Zaü dans des images resplendissantes de couleurs pour Larousse.
Les gallinacés sont naturellement présents dans deux des superbes planches de croquis pris sur le vif de Une ferme, le très beau carnet publié par Archimède en 1997 où Philippe Dumas alterne pages d’esquisses et aquarelles raffinées, en hommage nostalgique à la vie rurale d’antan
Laurence Madani et Bernard Ciccolini, dans Zouzou n’est pas une poule, nous racontent l’histoire d’un jeune citadin qui découvre la vie rurale, non sans quelques petits malheurs comme celui d’écraser les oeufs en voulant les couver!
Loin, cette fois, de ce climat indulgent et aussi de toute préoccupation documentaire, la très cruelle scène qui ouvre le roman de Jules Renard, où Poil de Carotte va héroïquement « fermer les poules« , n’a pas inspiré d’illustrations à Francisque Poulbot mais elle nous vaut, de la part de Martin Bradley pour une belle édition de l’Imprimerie nationale, en 1988, une lithographie qui, malgré ses couleurs vives et la fausse naïveté de son dessin, traduit remarquablement l’hostilité de la nuit et la peur du petit garçon.
Les fables, et celle de La Fontaine en particulier, jouent sur les deux tableaux: les sentiments sont humains, mais la bête garde de l’animal ses caractéristiques physiques.
Ainsi, même si elle parle, la perdrix de la fable, et les coqs qui la persécutent, se comportent bien comme des animaux, dont ils gardent tous les caractères: les coqs y sont cruels et batailleurs et l’homme, qui connaît cette agressivité, eût dû en protéger la perdrix. (La perdrix et les coqs X,7 )
Dans Le souriceau et sa mère d’Esope, magistralement illustré par Daniel Maja et sa variante Le cochet, le chat et le souriceau (VI, 5), le cochet se reconnaît et par son cocorico tonitruant, et par les plumes de ses ailes, et par les faucilles de sa queue, et par sa crète écarlate: tous caractères zoologiques indéniables.
De même, La poule aux oeufs d’or ( V,13), qui épingle savoureusement la bêtise et l’avarice du fermier, est bien, elle aussi, un animal, même si elle est dotée du même don merveilleux que La Poule enchantée de Bertall. Enfin dans Le coq et la perle (I, 21), c’est sûrement en grattant la terre, la paille ou le fumier que le volatile « détourne » la perle dont il ne fera aucun cas, même si l’illustration de Benjamin Rabier nous le montre juché sur un bahut.
Lionel Koechlin a réalisé une très astucieuse transposition dans l’univers urbain contemporain de ces deux dernières fables pour le journal Le Monde. Couleurs acides et silhouettes déformées avec une aisance joyeuse: une réussite applaudie qui justifie la récente réédition par Le Seuil de ces fables illustrées avec autant d’originalité et d’intelligence.
Qui chapon mange chapon lui vient
ou Coq et poule, une viande de choix
La volaille n’est parfois considérée que sous l’angle alimentaire: les termes de poulet, coquelet, poularde ou chapon participent davantage du vocabulaire de la boucherie que de l’histoire naturelle
Deux des exploits de Max et Moritz concernent un coq et trois poules dont les deux chenapans, dessinés par le crayon diaboliquement exercé de Wilhelm Busch, se régaleront dans « une orgie poulardesque » dont il ne restera « rien ou presque », après avoir fait montre, à deux reprises, d’une imagination perverse pour la joyeuse capture des volatiles.
Chapons et poulardes figurent en bonne place sur les cartes de la Bresse et de la Sarthe dans Les provinces de France illustrées, atlas dessiné en 1927 par Joseph-Porphyre Pinchon où le père de Bécassine laisse une large place à la gastronomie régionale: les animaux croqués dans ce livre attendent tous les honneurs de la table.
La Poule à poils , illustrée de dessins remarquables de Auguste Vimar si habile à peindre les animaux, se déroule dans une ferme. Une servante, emportée par la gourmandise, plume par erreur une poule encore vivante. Prise de remords, elle essaie sur Yollande, la couveuse pelée, un onguent-miracle. Et la poule…se couvre de poils ou plutôt de cheveux et fera les beaux jours d’un grand cirque américain et aussi la fortune des gens de la ferme.
Même le César , pourtant coq de clocher, de Philippe Dumas, est poursuivi pour sa viande par tout le village qui rêve de le voir à la casserole, et il ne manque pas d’inventorier (vin ou estragon?) toutes les recettes pour l’accommoder.
La vengeance de Germaine est un bijou d’humour noir. Emmanuelle Eeckhout y rapporte la rivalité de Lulu, ravissante géline courtisée par tous les coqs de la basse-cour et à qui tout réussit, et de Germaine, maigre et moche, qui rate tout, même la ponte, et comment cette dernière offre chaque jour à sa rivale d’appétissantes pâtisseries jusqu’à ce que les fermiers la trouvent dodue à point et la passent à la casserole. « A la grande joie de Germaine, Lulu fut appréciée pour la dernière fois ».
Un graphisme novateur au service d’un texte efficace et très drôle.
Poule égarée est bonne pour le renard
ou Coq et poule et leur prédateur
De même que l’agneau littéraire est inséparable du loup, la volaille est vouée à affronter et mettre en échec Renard ou Goupil, son prédateur immémorial, dès les fabliaux légués par le Moyen-âge.
Un épisode fameux du Roman de Renard oppose Chanteclair, dûment mais inutilement mis en garde par l’astucieuse et courageuse Dame Pinte, et nous le montre rivalisant de fourberie avec son ennemi qui, grâce à sa flagornerie, a failli réussir dans son entreprise.
Un épisode moins connu montre ce même Chanteclair, accompagné de Dame Pinte et de trois autres poulettes, demandant justice au roi « pour Dame Copette méchamment mise à mort par Renart ». Un beau dessin à la pierre noire de Philippe Davaine met vigoureusement en scène cette page de tribunal.
Le « vieux coq adroit et matois », dans la 15ème fable du deuxième livre de La Fontaine, reprise fidèle d’Esope (Le coq et le renard) et variante de Charles Perrault (Le chien, le coq et le renard ), s’offre le rare plaisir « de tromper un trompeur » et s’inscrit dans cette longue tradition du berneur berné.
Daniel Maja s’est amusé à peindre d’un trait nerveux et jubilatoire ce coq arrogant, fièrement paré de plumes flamboyantes.
Dans la plupart des contes qui brodent autour du thème du renard vaincu par sa proie, c’est plutôt la poule – à l’exception de la pauvre Dame Copette- qui fait preuve d’astuce. Déjà, dans Le Roman de Renard, Dame Pinte était moins naïve, mettait en garde le trop confiant Chanteclair et sauvait courageusement son imprudent poussin des crocs de Renard.
Ainsi dans Le Renard nigaud et la Poule avisée, c’est le coq qui est pris dans le sac de Goupil et son épouse, malgré la dispute qui a obscurci l’horizon conjugal du petit-déjeuner, vole au secours de son irascible époux, enivre Renard et profite de sa sieste réparatrice pour mettre le traditionnel caillou dans son sac à la place du mari distrait.
Mais, le plus souvent, c’est la poule qui est elle-même la proie du renard et qui se débrouille seule , ou avec l’aide d’une amie, la tourterelle souvent, pour s’extirper du sac où elle est enfermée.
Ainsi de Poule rousse, un des classiques de Lida au Père Castor, et de son « remake », Petite poule rousse et renard rusé joyeusement peint par Sally Hobson où les gélines ne sont guère des …poules mouillées.
Le renard qui avale Le Poussin gazouilleur est bien puni: ne voilà-t-il pas qu’il gazouille à son tour! Une randonnée pleine de charme qui se termine par l’heureux retour du poussin à la ferme.
Autre randonnée, celle de Titou poussin têtu qui tombe dans le puits et y retrouve Renardeau et ce sera le début d’une amitié improbable.
Poucet le Poussin et sa variante Petite Poule nous racontent encore une autre randonnée, celle de la volaille qui, ayant reçu un gland sur la tête, croit que le ciel tombe et court avertir le roi (ou le juge). Selon les versions, le renard parvient à engloutir toute la caravane des naïfs volatiles ou se trouve finalement vaincu par un sursaut de clairvoyance.
Dans Le Roi, la Poule et le voleur, Sa Majesté peint un portrait si réussi de la Poule Susie que Renard tente de le voler pour sa femme malade. Mais Susie aura sa vengeance: elle sera autorisée à faire poser Renard pour elle et en tirera un portrait peu flatteur!
Pour Le Roi et la Poule où Catharina Valckx met en scène le même couple de sympathiques protagonistes, le prédateur est exceptionnellement un loup. Le Roi, débonnaire, sauvera son amie Susie en offrant au Loup de lui faire cuire un oeuf tout frais pondu.
Enfin, Moitié de poulet ou La petite moitié de coq met en scène, dans un conte d’origine poitevine, un coquelet qui fourre dans son derrière un loup, un renard et une rivière pour les libérer au moment où il en aura besoin!
« Maintenant, les poules se défendent! C’est le comble! » est le constat amer qu’un renard vieillissant, rentré bredouille d’une chasse en boîte de nuit, se fait à l’aube après s’être laissé ligoter à un poteau par sa proie, une poulette « ronde et plus surexcitée que jamais ». Celle-ci retourne danser toute la nuit « comme une folle ». C’est là le résumé de Une poule, un des savoureux Contes d’automne concoctés par Grégoire Solotareff avec sa verve si joyeusement anticonformiste.
Ce motif pétillant de malice de la poule qui danse avec le renard, Grégoire Solotareff l’avait déjà utilisé en 1998 dans une campagne de publicité très réussie pour Badoit qui fut largement diffusée dans la presse et l’affichage urbain.
Quant à Pou-poule de Loufane, elle joue avec le danger et contredit la longue tradition des fabliaux: amoureuse d’un renard, Lola, insensible aux charmes du coq, parviendra à ses fins et c’est le renard qui tombera dans ses tendres filets.
Chétive est la maison où le coq se tait et la poule chante
ou Coq et poule en ménage
« Mon congé, cent fois, me fût-il hoc,
La poule ne doit pas chanter devant le coq! »
Cette célèbre réplique des femmes savantes de Molière attire notre attention sur une autre caractéristique du couple gallinacé. à savoir le machisme élémentaire du chef de famille qui fait preuve d’une autorité un peu fruste, et l’infériorité apparente de la poule dans le ménage.
Ainsi, Daniel Boulanger a créé une comptine, illustrée par Danièle Bour dont il a particulièrement aimé les images délicieusement naïves, où la poule qui a trouvé un clairon joue au coq, se déguise pour mieux usurper son public et en sera bien punie… Une écriture magistralement enlevée, des images pleines de charme, au service d’un message implicitement phallocrate!
Pourtant, on l’a vu, la poulette fait traditionnnellement preuve de courage et d’astuce. Alors, comment expliquer cette injuste dévalorisation au sein du couple?
La petite poule rousse qui aime le travail soigné est le symbole des vertus ménagères et se trouve héroïne de contes qui transmettent l’image d’un couple réactionnaire, illustrant un discours moralisateur démodé. La poule sait cuisiner et coudre, ne quitte pas son tablier, et transporte toujours dans sa poche fil, aiguille et ciseaux . Et elle s’en sert aussi pour échapper au renard et pour faire échapper le coq, plus naïf, plus balourd, trop imbu de sa personne pour avoir une juste vue des situations.
Dans Le Renard nigaud et la Poule avisée, elle est presque esclave de ses taches domestiques tandis que son mâle lit le journal. Un proverbe nous rappelle qu’elle « vit de ce qu’elle gratte » ce qui manque quelque peu de poésie.
La petite Poule rousse qui, ayant trouvé du blé, fabrique du pain avec et pour ses petits, n’invitera pas les autres animaux de la ferme au goûter: ils avaient refusé de l’aider. Souvenez-vous des
« Pas moi, dit le canard -Pas moi, dit le chat – Pas moi, dit le cochon »
de vos lectures d’enfance. Un modèle moral intransigeant et un peu étriqué.
Une poule n’y retrouverait pas ses poussins
ou La descendance de coq et poule
Nombreux sont les livres qui exaltent la mère-poule, icone de la maternité protectrice parfois jusqu’à l’excès, et les poussins dont la douce fragilité a largement inspiré les auteurs pour l’enfance.
L’oeuf et la poule de Iela Mari, un grand classique sans texte, montrait avec une talentueuse économie de moyens et une présence du mâle pour le moins réduite, l’amour maternel qui se manifeste dès avant l’éclosion de l’oeuf et figurait, avec une grande force affective, l’aile chaleureusement protectrice de la mère-poule.
Le coq qui, adulte, coquerique avec tant d’arrogance, se contentait, dans sa prime enfance, de pépier, et encore ce timide Piou Pîou pouvait-il se perdre au cours d’une imprudente randonnée: c’est l’avertissement d’un petit récit très classique mais charmant de Sato et Futamata.
Le besoin incoercible de maternité est l’argument d’un album (Je veux être une maman tout de suite de Alex Cousseau et Philippe-Henri Turin ) qui se passe dans la savane africaine où une poussinette décidée et impatiente couve un oeuf d’autruche et vit, avec son rejeton si différent, quelques moments difficiles. Sauvée par son coq de père, elle rêve désormais d’être, comme lui, un papa … tout de suite, bien sûr.
Une histoire pleine d’humour servie par une illustration et une mise en page dynamiques.
La mère si maternante- mais non le coq- fait de rares apparitions dans quelques-unes des nombreuses histoires de poussins de Claude Ponti qui sont autant de précieux petits bijoux de sensibilité et de fantaisie.
Blaise, le poussin masqué, par qui le scandale arrive, est présent dès le premier livre de Claude Ponti et perturbe insolemment toutes les situations figées, même les codes-barre: un excellent remède à l’ennui.
Quant à Tromboline et Foulbazar, délicieux poussinets au tendre duvet jaune, ils développent leurs aventures dans une série de tout petits albums au charme délicat et miment les plaisirs et les jeux de très jeunes enfants plutôt inventifs.
La chaussette verte de Lisette met en scène une poussinette dont l’aventure eût pu, elle aussi, advenir à n’importe quel enfant ou animal. Seul l’évident plaisir de représenter des volatiles explique le choix de Catharina Valckx.
Comme pour illustrer cette remarque, Christian Bruel, avec la créativité provocatrice que l’on connaît édita au Sourire qui mord en 1994 un livre très original, Nic, Nac, Noc, illustré par Katy Couprie, Pascal Doleymieux et Claude Lapointe. Un texte commun suffisamment flou pour donner toute liberté à l’interprétation, trois livres reliés en sandwich, et trois lectures, celle de Katy Couprie faisant, seule, des trois petits héros aux prises avec des ogres monstrueux, trois poussins délurés: une expérience éditoriale qui ne s’est jamais renouvelée et qui mettait pourtant bien en lumière la liberté de l’illustrateur face au texte.
« Une poule ne fait-elle pas des oeufs sans coq? » Pascal (Pensées 24)
ou La poule s’émancipe
En contrepoint à ces images de poules ménagères et maternelles, le livre illustré nous fait rencontrer des volailles dont le comportement bouscule allègrement quelques ennuyeux préjugés.
Michelle Daufresne, dans son justement célèbre cycle des Contes du poulailler, nous concocte en Irma bec-en-l’air, l’attachant autoportrait d’une artiste anticonformiste, incomprise dans son poulailler originel et qui, rejetant le milieu étroit des vieilles poules cancanières, n’hésite pas à quitter le confort étriqué de son milieu social pour vivre une vie de fantaisie et de liberté. Délicieusement féministe, elle refuse la ponte socialement reconnue pour une maternité d’amour et de choix, avec un coq qui la relaie durant les interminables jours de couvage au grand dam des commères bien pensantes.
Ces contes, illustrés avec un pinceau primesautier et des aquarelles légères sans miêvrerie, nous narrent en outre une belle histoire de métissage avant que le concept n’envahisse les media et nos bonnes consciences. Irma, la poule rousse, rejetée par les arrogants habitants du Poulailler blanc, rencontre l’amour de l’un d’entre eux et fera naître Plume de carotte, coquelet facétieux dont le duvet réunit joyeusement les somptueuses rousseurs du plumage maternel à l’insolent camail immaculé de son père.
On ne sera pas surpris que Josephine Baker, si généreuse, ait écrit, dans un conte anti-raciste, la quête de Kott-Kott, la poulette noire et borgne qui recherche, et son oeil manquant, et un poulailler où elle ne sera plus rejetée. Elle trouvera le bonheur et la force de s’assumer au paradis multicolore des Milandes, la propre maison si accueillante de Joséphine, au sein de La Famille Arc-en-ciel.
Discrètement féministe, Plumette, une poulette super chouette, écrit par Anne-Marie Desplat-Duc et illustré par Morgan, nous conte une campagne électorale où s’affrontent « Coq-en-pâte, le coq qui vous épate », « Coq-Hardi, le coq dégourdi » et « Plumette, la poule qui ne raconte pas de sornettes ». C’est cette dernière qui gagnera ces élections emplumées qui parodient non sans humour le débat politique humain et la langue de bois de discours plein de creuses promesses.
Le plaisir de Florence Guiraud à faire des portraits de poule inattendus dans A nous quatre dans la paille édité par Thierry Magnier se ressent à la lecture de ce petit album à la maquette originale, de même que celui de Cécile Gambini dans ses petites variations ludiques sur Poulets, poulots et poulettes parues chez l’éditeur Grandir.
Autre plaisir à ne pas bouder: les parodies des comptines qui leur redonnent une modernité parfois inattendue. Ainsi les variations de Thierry Dedieu sur Une poule sur un mur sont réjouissantes et pleines de trouvailles littéraires. Les Cocottes perchées étaient parues au Sourire qui mord en 1992 et illustrées par Katy Couprie. Quant aux 27 poules sur un mur parues au Seuil dix ans plus tard, ells ont été imagées très joyeusement par 27 artistes et non des moindres.
La poule sur un mur dans Pétronille et ses 120 petits ne manque pas d’invention, elle non plus. Claude Ponti s’y amuse de façon incongrue à accentuer la féminité triomphante de la poule en la dotant de seins avantageux qui débordent de son décolleté.
Jamais géline n’aima chapon
ou Les amours de coq et poule
C’est le coq du village. Etre un bon coq. Un bon coq n’est jamais gras. Qui monte ma poule est mon coq.
Je sors mon coq: rentrez vos poules! Viens poupoule, viens poupoule,viens!
On pourrait multiplier les expressions, adages et proverbes qui, dans la tradition rurale, célèbrent, du coq, la vigueur sexuelle conquérante, ironisant sur les naïfs et malhabiles coquebins, sur les chapons châtrés, sur les coquâtres infirmes ou les coquards vieillissants aux performances affaiblies, et se gaussant de l’admiration naïve de gélinettes transies d’amour.
Corrélativement, la poule ou cocotte est péjorativement assimilée à la femelle aguichante, voire à la fille aux moeurs légères.
Car l’érotisme n’est pas absent, loin s’en faut, des livres illustrés, même dédiés au lectorat d’enfance.
On retrouve, chez La Fontaine, la misogynie héritée de la tradition des fabliaux. Dans Les deux coqs, la femelle est facteur de discorde entre les mâles :
« Deux coqs vivaient en paix. Une poule survint:
Et voilà la guerre allumée. »
C’est l’occasion, pour Granville, d’affubler les coqs de pantalons, mettant en lumière l’anthropomorphisme de la scène, et, pour May Angeli, xylographe experte, de nous graver un combat de coqs d’une remarquable violence graphique accentuée par le choix d’une sanglante encre rouge.
Les dessins animés de Tex Avery sont des petits joyaux d’érotisme canaille qui préfigurent la drague désinvolte d’Alan Mets: Rikiki, cochelet maladif accepte de se faire « plumer » au sens propre pour sauver son Isabelle, la nouvelle poulette si sexy, des crocs du renard et mériter ainsi la récompense du héros devenu son Chérikiki!… Une métaphore transparente et hilarante qui renouvelle le thème du volatile astucieux qui réussit à échapper au carnassier trop sûr de lui, motif qui, on l’a vu, hante la littérature médiévale.
Nouvelle parodie, cette fois, des comptines, Clémentine Collinet nous raconte l’histoire de Pepita qui n’aime plus le pain dur . Le prétexte pour introduire une chaste romance entre Pepito, le coq avantageux, et Pépita, la poulette sentimentale dont le festin amoureux se composera d’une pizza incongrue dans la ruralité d’une basse-cour à l’ancienne.
Galant, le coq de Magdalena et Isabelle Chatellard offre une fleur à sa Poule coquette qui l’accroche à sa queue.
Au-delà du classique métissage, Léon (le cochon) et Albertine (la poulette), seront enfin réunis par Christine Davenier après un long cours de séduction dispensé par la randonnée des animaux de la ferme. Comment faire craquer les poulettes? En les faisant rire, bien sûr, et là, le cochon est mieux armé que le coq, trop fier, pour ce joyeux exercice.
Coq chante ou non viendra le jour
ou Le chant du coq
« Un misérable coq à point nommé chantait »V – 6
Cette citation des Fables de La Fontaine nous rappelle, comme la rencontre avec le coq de Grimm dans Les musiciens de la ville de Brême, que la caractéristique principale de ce volatile est qu’il chante, coquerique, claironne, coqueline, fait cocorico ou coquerico, ou cocodicoda, c’est selon, et surtout qu’il chante tôt le matin. « La ville de Sybaris, écrit Fontenelle dans son troisième Dialogue des morts, sera décriée à jamais par la mollesse de ses habitants qui en avaient banni les coqs de peur d’en être réveillés ». Le coq est donc l’ennemi des paresseux et bon nombre de dessins animés en témoignent savoureusement.
Ce clairon si réussi succède , selon Arnold Lobel dans ses Fables, à un sérieux apprentissage et à des essais parfois decevants: une fable très amusante du grand artiste américain récemment disparu.
Dans un ravissant poème commenté par Jean Perrot et illustré par de subtiles aquarelles de May Angeli, Jacques Lacarrière explique l’origine de l’arc-en-ciel par la réunion de sept coqs qui portaient chacun une couleur du prisme et qui chantaient auparavant chacun, chaque jour, à tour de rôle. De cette rencontre naquit lyriquement la blancheur de l’aube.
Le coq est universellement un symbole solaire. Mieux même: il lui a été attribué très tôt la faculté de commander au soleil de se lever. C’est du moins le pouvoir qu’il avait au début du conte d’Antoine Sabbagh, magistralement griffé par la plume de Daniel Maja. Ayant perdu ce pouvoir, il sera dévoré par le loup et c’est le petit d’homme qui appellera l’aurore par un silence méditatif.
Celui qui commande au soleil de se lever a parfois le pouvoir de chasser les fantômes de la nuit. Ainsi en est-il dans Mouna le petit fantôme de André Hodeir illustré par le pinceau raffiné et élégant d’Alain Gauthier et dans le bel album d’ Elzbieta, Gargouilles, sorcières et compagnie, récemment publié aux éditions du Rouergue, où Scarabette Ratepenade, la petite sorcière, vient poétiquement en aide au Baron Auléoduc de Mirobole de Cornouille et lui conseille de simuler le chant du coq pour éloigner les revenants qui hantent les chateaux d’Ecosse.
Plus prosaïquement, Mickey, héros de la Cuisine de nuit de Maurice Sendak, marque la fin da la nuit et sa victoire sur les spectres de l’insomnie par un » Cocorico » tonitruant.
Maître du lever du soleil, le coq est aussi maître du temps et cette propriété justifie qu’un coq xylogravé illumine fièrement la première de couverture des Petites histoires du temps qui font suite, chez Syros, aux Petites histoires des langues de Sylvie Bausssier et May Angeli.
Une lithographie d’André François, mariant graphiquement une pendule -thème récurrent dans son oeuvre- et un coq, illustre magistralement cette symbolique du temps.
Egalement animal psychopompe, le coq est sacrifié à Asclepios car il ouvre les yeux à une nouvelle lumière, ce qui correspond à une renaissance. Il est associé avec le serpent à Hermès et Esculape, mais aussi aux dieux et déesses solaires et lunaires, Zeus, Leto, Apollon et Artemis.
Comme il annonce la naissance du jour, il est lumière et résurrection, et est récupéré comme symbole chrétien
Il devient également symbole maçonnique de la vigilance et de l’avènement de la lumière initiatique.
Le coq qui voulait voir le monde
ou Coq et poule à travers le monde
C’est traduit par Le coq qui voulait voyager que Rooster off to see the World d’Eric Carle, qu’il créa en 1972 pour apprendre aux enfants à compter, est connu du public français. Ce classique de la littérature d’enfance, magnifiquement illustré, raconte l’échec d’un voyage: le coq rentre sagement à la maison et se contentera de rêver le vaste monde.
Qu’aurait-il appris de ses congénères des autres continents s’il avait poursuivi son voyage?
Il eût trouvé de grandes ressemblances dans l’approche symbolique et la mythologie solaire.
Ainsi, la vénération est la même dans le Talmud et en Islam: son chant matinal signale la présence de l’ange et il appelle à la prière.
Il est symbole solaire aussi en Extrême Orient et des coqs magnifiques circulent en liberté dans les temples shintoïstes. Il y représente à la fois le courage et la fierté.
Plus négative est son image au Tibet où l’on stigmatise sa brutalité et ses colères.
C’est l’ergot d’un coq blanc qui, blessant mortellement son ennemi, assurera à Soundiata Keïta la victoire, faisant de lui le premier empereur du Royaume du Mali. Deux éditions illustrées sont disponibles dans le domaine français de ce mythe fondateur du royaume mandingue: des linogravures robustes de Joëlle Jolivet ou les dessins ethniques à forte charge religieuse d’un authentique griot vivant à Paris, Dialiba Konaté
Le poulet, indiquant par son chant le rythme de la révolution diurne autour du soleil avec l’alternance des jours et des nuits devient en quelque sorte l’équivalent du soleil autour de la terre. La patte du volatile est le signe de l’univers dans son mouvement de rotation. La valeur sacrificielle du poulet repose sur ces données. Pour remercier les dieux protecteurs de sa victoire, Soundiata, l’enfant-lion, sacrifie un coq blanc au cours d’une baignade rituelle.
La poule est psychopompe chez les Bantous et de nombreuses ethnies d’Afrique noire. On la sacrifie donc pour communiquer avec les défunts.
Le sang du coq est indispensable à de nombreux rites vaudous
Pascale Bougeault, qui est une grande voyageuse, a rapporté dans ses carnets des Antilles une truculente scène de la vie domestique: Mam’zelle, une poulette noire qui préfère dormir sur la machine à coudre que dans les arbres du verger, sème la perturbation dans la vie familiale. Histoire vraie glanée dans une île où les poules, semble-t-il, aiment elles aussi la biguine.
Les poules sont si présentes dans la civilisation (et la cuisine) antillaise(s) que Lucette et sa grand-mère choisissent de se déguiser en poulettes pour le Carnaval. C’est là encore un souvenir de voyage que Pascale Bougeault raconte, d’une plume et d’un pinceau alertes, dans Bon à croquer..
« Pour vivre heureux, restons perché »
ou Le coq de clocher
Le coq de clocher, perché au sommet des églises, rappelle à tout chrétien que Saint Pierre renia le Christ « avant que le coq ne chante trois fois » et a la mission de lui éviter de tomber dans le même lâche comportement en reniant sa foi. La superbe représentation de cette scène évangélique par Gustave Doré ignore cependant l’animal et ne montre que les hommes.
Elle semble sans postérité dans l’album d’enfance qui nous offre par ailleurs quelques belles histoires de coqs-girouettes.
« Pour vivre heureux, restons perché » est la morale d’un album déjà ancien de Philippe Dumas, heureusement disponible dans une réédition récente de L’Ecole des loisirs. César est le glorieux prénom d’un coq de clocher aux vues hautes, lecteur assidu de Sénèque, qui nous raconte, dans une autobiographie déclinée à la première personne, comment, un jour, il fut tenté par la France d’en-bas et les déboires qui s’en suivirent.
Philippe Dumas cultive l’ambiguïté: à peine posé, le coq de bronze se comporte comme n’importe quelle volaille et sera traité comme tel, suscitant la convoitise gourmande de tous les villageois, habile prétexte pour nous faire défiler, croqués avec le trait alerte que l’on sait, la randonnée de tous les métiers traditionnels en leurs savoureuses échoppes et boutiques, de nous faire réviser la liste des outils des professions d’autrefois, ayant tous le sanglant privilège de se transformer en autant d’armes pour occire le pauvre volatile, jusqu’à ce qu’une providentielle mouette lui fasse enfin regagner son refuge sur les hauteurs du clocher.
Charivari à Cot-cot-city nous raconte, par la plume de Marie Nimier, les amours contrariées d’un coq de clocher, superbe d’indifférence lointaine, déroutant par son orientation changeante, et de… 69, la cocotte sentimentale échappée d’une batterie d’élevage en révolte, galvanisée par… 68, le poulet contestataire.
Cet hymne à la liberté, semi-amer, à l’humour décapant, avec un discours écologique distancié, est remarquablement mis en valeur par les dessins vigoureux de Christophe Merlin
Elzbieta quant à elle, nous croque, dans Echelle de magicien, un onirique coq-girouette, dont les rémiges et les lancettes sont poétiquement habitées de minuscules êtres imaginaires et qui, vivant dans la basse-cour de la sorcière Gargotte, donne toutes les apparences d’une vie de gallinacé ordinaire. Mais la magie d’une formulette réveille ses dons divinatoires. Il s’envole alors sur la cheminée, voit loin, écoute les points cardinaux, oriente la vie de qui l’interroge et joue ainsi un rôle de premier plan dans le récit.
« Mais c’est le coq gaulois qui réveille le monde… » Victor Hugo Odes
ou Le coq gaulois
On trouvait, chez Philippe Dumas dans César, le coq du village évoqué plus haut, quelques égratignures anti-institutionnelles: César joue des synonymes pour brocarder malicieusement les poulets… de la gendarmerie et refuse de devenir coq de monument aux morts.
Cette allusion au coq gaulois, le fameux « gallus » de l’étymologie latine, est rare dans l’iconographie enfantine contemporaine, ne serait-ce qu’à cause de ses accointances avec un discours cocardier qui n’est plus de mise.
Mais il en exista, au début du XXème siècle, de nombreux exemples dans certains albums engagés comme ceux de l’oncle Hansi où, dans le contexte historico-politique de l’Alsace revancharde, il était patriotiquement opposé à l’aigle prussien.
A l’inverse,Tomi Ungerer, dans A la guerre comme à la guerre, se souvient de la propagande allemande de son Alsace occupée, qui vilipendait sans ménagement le coq gaulois et le balayait manu militari, au-delà des frontières, avec d’autres symboles francophiles, comme, justement, les livres de Hansi.
Dans une série de livrets publicitaires, très drôles, offerts, en 1956, par La Vache qui rit, Alain de Saint Ogan fait entrer Au paradis des animaux ce même coq gaulois, tombé, non pas, cette fois, d’un monument aux morts, mais des pièces de monnaie de la Quatrième République. Il y rejoint d’autres animaux héraldiques, comme la louve romaine ou la salamandre.
« Dressé sur ses ergots, la crète écarlate, l’oeil étincelant, il claironnait son couplet (patriotique) d’une voix puissante et magnifique. »
Raciste et franchouillard, le coq, imaginé par Hubert Ben Kemoun avec la complicité de Bruno Heitz, veut obliger les animaux du zoo à parler un français « pur ». Il fait donc la guerre au vocabulaire et aux expressions héritées de langues étrangères jusqu’à ce que ses interlocuteurs agacés fassent de lui … un festin sans que personne, enfin, ne récuse ce mot d’origine italienne… (L’oeuf du coq)
« La poule a-t-elle été avant l’oeuf ou l’oeuf avant la poule? »
Voltaire Poèmes
ou Histoires d’oeufs
Cette question philosophique fondamentale, Maud, la vieille poule se la pose et le pose à ses interlocuteurs depuis que, à cause de son grand âge, elle ne pond plus. L’abominable histoire de la poule est une nouvelle à la cruauté réjouissante, due à l’association de deux voyous de l’édition, virtuoses de l’humour grinçant, Christian Oster pour le texte, et Alan Mets pour les images.
Avant l’éclosion, le contenu de l’oeuf est un mystère.
Très nombreux sont les albums qui jouent de la surprise au moment de l’éclosion: autruche, canard, cygne, homme (surprenant Tombé du nid de Linda Wolfsgruber) voire même dragon ou crocodile voire encore royaumes de légende (La Princesse bleue).
Mais même si on ne quitte pas la famille gallinacée, l’éclosion reste un moment d’exception.
Aussi vaudrait-il mieux éviter de jouer au foot avec l’oeuf comme les fécétieux poussins de Muzo (Mon poussin).
Benjamin Rabier a créé de nombreuses histoires de ponte miraculeuse ou présentée comme telle, ou d’éclosion inattendues. Ainsi dans Placide et Gédéon, Le fond du sac ou Les contes de la Souris Bleue…Dans une campagne de fantaisie, de joyeux compères se font des niches, s’amusent, s’entr’aident et mènent une existence turbulente, certes, mais insouciante.
Un optimisme réconfortant qui émane et du texte et des savoureuses vignettes joyeusement colorées.
Mais le plus créatif des jeux graphico-linguistiques autour de l’oeuf, pardon de l’egg, est sans contestation possible l’irremplaçable Eggzercise Book d’André François paru au Daily-Bul en 1980. Avec une force graphique sans égale et une inventivité aussi exceptionnelle dans le dessin que dans la créativité lexicale, et aussi une économie de moyens souverainement intelligente, André François a créé un petit chef d’oeuvre d’humour et de sagesse mélancolique.
L’oeuf est aussi naturellement symbole de vie, de renaissance et il est porteur de tout le mystère de Pâques. Il est aussi révélateur de la Genèse du monde dans de nombreuses civilisations: cette symbolique est si riche qu’elle mériterait une exposition séparée.
Pour conclure…
Il est intéressant de constater que, même lorsqu’elles n’ont pas été créées originellement pour le jeune public, toutes ces oeuvres poulaillères ont été récupérées d’abord par le public scolaire (fables, contes et fabliaux) puis, plus largement, par un lectorat d’enfants et d’adolescents.
Après la lecture des albums et l’observation objective de leurs illustrations, on serait tenté d’opérer la démarche inverse c’est à dire d’offrir au public adulte toutes ces petites perles d’humour, de sensibilité, d’érotisme contenu et de sagess, au graphisme souvent si inventif.
Dans une profession de foi souvent reprise, l’éditeur François Ruy-Vidal écrivait:
« Il n’y a pas d’arts pour enfants, il y a l’Art.
Il n’y a pas de graphisme pour enfants, il y a le graphisme.
Il n’y a pas de couleurs pour enfants, il y a les couleurs.
Il n’y a pas de littérature pour enfants, il y a la Littérature.
En partant de ces quatre principes, on peut dire qu’un livre pour enfants est un bon livre quand il est un bon livre pour tout le monde. »
Alors, qu’enfants et adultes grattent et picorent ensemble les menus plaisirs de notre bibliothèque gallinacée qui déborde de ces « bons livres pour tout le monde »: nous leur prédisons beaucoup de bonheur.
Une exposition qui a eu lieu à Musée départemental de l'abbaye de Saint-Riquier
du 15/03/2003 au 31/08/2003