Née à Clichy, le 6 août 1937 d’une mère catholique de noblesse mi-bretonne, mi-gasconne, et d’un père juif ashkénaze tchèque, May Angeli est attentive aux métissages culturels et son oeuvre est un bel exemple de tolérance, de générosité et d’ouverture d’esprit.
Après avoir fait ses premières armes à La Farandole et au Père Castor, travaillant alors à la gouache, à l’encre, au crayon et à l’aquarelle, elle découvre, dans les années 1980, la gravure sur bois à Urbino. Dès lors, même si elle n’abandonne pas les autres techniques, ce sera son mode d’expression privilégié et de nombreux très beaux albums paraîtront en xylographie.
De superbes réussites esthétiques publiées au Sorbier, chez Syros, Thierry Magnier, La Joie de lire, au Seuil Jeunesse… Elle travaille le bois de fil et se montre d’une adresse singulière dans le coup de gouge, à la fois précis, énergique et sensible. Virtuose dans l’usage de la couleur, elle joue harmoniquement des superpositions d’encres et valorise subtilement, dans ses compositions, les aspérités et veines du bois. L’influence est évidente des Ukiyoé et en particulier de ceux d’Hokusai, dont elle a parodié quelques estampes dans ses illustrations de Kipling, et les célèbres vues du Mont Fuji avec les Boukornine de Dis moi, variations de lumière à la Monet sur un lieu aimé. C’est en xylographie et avec des caractères de l’Imprimerie nationale qu’elle a réalisé de remarquables livres d’artistes à tirage très limité, Une histoire de barbe (1998), Dis-moi (1999), Voisins de palmier (2004), Petit (2007), Contes (2009), Bruizébêtes (2010) et Des oiseaux (2012).
Amoureuse de la Tunisie, elle puise une grande partie de ses inspirations dans ses paysages, son bestiaire, ses coutumes, sa population et même les aléas de son histoire, ancienne ou contemporaine. Elle évoque avec tact autant les émois de l’enfance ou la complexité des relations familiales que les problèmes socio-politiques, l’immigration, le racisme, le rejet de l’étranger, la prison pour délit d’opinion, les excès des régimes dictatoriaux ou les incertitudes des révolutions, donnant à ses albums humanistes une portée universelle… En osmose avec le monde naturel, elle compose des images botaniques lyriques et s’avère une remarquable peintre animalière. Ce jeu, magistralement xylogravé, est une sorte de retour aux sources : à ses débuts, elle créa, pour le Père Castor, à la gouache, deux jeux de lecture pour la collection Histoires en images, dont le zoologique À chacun son gîte (1973) qui préfigure notre Plumezépoils à la ferme.
Une exposition qui a eu lieu à Médiathèque départementale de la Mayenne
du 28/11/2015 au 24/12/2015