Sur les 54 éditions de la Fiera de Bologne qu’elle a fondée, Carla Poesio n’en aura manqué que deux, celle de 2016, en raison d’une hospitalisation, et de 2017 après la perte douloureuse de son fils unique. Sinon, elle y fut toujours présente et tout ce qui compte dans l’édition mondiale pour la jeunesse venait faire antichambre devant son bureau du département de la presse pour avoir le plaisir de la saluer.
C’est Carla qui m’a introduite à Bologne. Dès mon arrivée, le matin, je me précipitais dans son antre. Elle m’accueillait avec affection et me dressait la liste des livres, événements, éditeurs à ne pas rater, décrochant avec autorité son téléphone pour me ménager des rendez-vous sur les stands. Elle a toujours lu mes publications et catalogues avec bienveillance et acuité, curieuse de tout ce qui se faisait partout dans le monde.
Parfaitement francophone, elle était assidue aux Salons du livre de Paris et de Montreuil et logeait alors chez son amie Letizia Galli qui ne manquait pas d’organiser, pour elle, de joyeuses soirées où se côtoyaient les Italiens vivant ou passant à Paris et ses amis français, illustrateurs, éditeurs, critiques…
J’ai eu la joie de participer, à ses côtés, à des colloques et débats. Cette universitaire de haute volée commençait souvent, non sans coquetterie, son intervention par une malicieuse captatio benevolentiae, et ses analyses alliaient charme, pertinence, érudition et humour.
Elle avait la plume alerte, et, à coup sûr, ce que Ronald Searle appelait The Biting eye…
Notre dernière rencontre eut lieu le 7 avril à Florence, au Musée des Innocents, où nous participions au colloque adjoint à l’exposition Storie di Bambini de Letizia Galli dont elle aimait beaucoup le travail. Une apparition lumineuse par son élégance et son rayonnement. Nous avions déjeuné avec Carme Solé-Vendrell sur une terrasse ensoleillée dominant le Duomo et les toits de la ville.
Un merveilleux endroit pour se dire adieu…
Carla a quitté ce monde le 29 mai 2017.
par : Site du CRILJ
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