Pour les cinquante ans de la Fiera, les publications ont été généreuses et les rencontres belles.
Comme chaque année, un Directory Catalog de 533 pages répertorie les adresses des exposants et l’Illustrators Annual reprend l’exposition de l’année. L’Europe y est, comme toujours, bien représentée (Italie, France, Suisse, Slovaquie, Pologne, Russie, Espagne, Portugal), mais la sélection s’est très largement ouverte aux quatre vents du globe, du Canada et des USA à l’Afrique du Sud, de l’Asie toujours si créative (Taiwan, Corée, Japon, Chine) à des pays plus rares antérieurement comme le Brésil, le Pérou, l’Iran, la Turquie ou même la Mongolie.
Une photo montrant le jury (Tássies, Junko Yokota, Etienne Delessert, Gita Wolf, Maria Grazia Mazzitelli) devant les innombrables dessins étalés nous donne à imaginer la prouesse d’une telle sélection.
Au cœur des expositions…
Beaucoup de bonheur, alors, que la flânerie dans les dédales de l’accrochage et dans le feuilletage du catalogue, si élégant avec sa couverture de Peter Sìs, lauréat du Prix Andersen 2012, à qui étaient consacrés une belle partie de l’exposition et un débat où il a charmé l’auditoire par son intelligence et son humour.
Le pays invité était la Suède, l’occasion de nous rappeler qu’il ne nous a pas donné seulement Selma Lagerlöf et Astrid Lindgren, mais aussi Eva Lindström, Sven Nordqvist, Olof Landström, Eva Eriksson ou Anna Höglund, tous traduits en français. Mais l’exposition réservait bien des surprises, avec des images d’illustrateurs souvent inconnus sous nos climats, superbement mises en valeur par une scénographie esthétique et pertinente. Chaque artiste avait un grand livre ouvert avec, à droite, des éléments biographiques, sous une fenêtre elle aussi ouverte sur ses illustrations, et à gauche, un autoportrait qui pouvait prendre les formes les plus fantaisistes. Parallèlement, le Palazzo d’Accursio montrait, sous le titre How to design a Child ? une réjouissante galerie de portraits d’enfants. Un opulent catalogue relié pleine toile accompagnait l’exposition Guest of Honour.
Au fil des pages…
Mais, en plus de ces éditions habituelles à chaque Fiera, un coffret exceptionnel de deux livres a été publié pour célébrer le cinquantenaire. Dans l’un de ces volumes, des critiques du monde entier présentent, sur plus de 500 pages, un panorama de la littérature de jeunesse de tout le demi-siècle. L’autre volume est un copieux album photographique qui regorge de souvenirs bien émouvants : revoir quelques grands disparus comme Tana Hoban, Leo Lionni, Pierre Marchand, Maurice Sendak, Bruno Munari, Roman Cieslewicz ; soupirer sur la fuite du temps devant de vieilles photos, Kvĕta Pacovská ou Carla Poesio toutes jeunettes ; se réjouir de ce merveilleux melting pot des rencontres, Dusan Kallay, David McKee, Roberto Innocenti, Jean Claverie, Shaun Tan, Nikolaus Heidelbach, Anthony Browne, Tomi Ungerer, Massin, Lorenzo Mattotti, Béatrice Lalinon Gbado, Steven Guarnaccia, Kitty Crowther, Hervé Tullet, et bien d’autres, tous unis dans leur amour du livre d’enfance.
Les beaux souvenirs que voilà…
Au long des années…
Des souvenirs, Carla Poesio en a accumulé au long de ces cinq décennies. Dès 1964, cette universitaire, professeur au Centro Didattico Nazionale de Florence, a été conviée à participer à la manifestation. Sa fierté est que la Fiera commerciale soit devenue très vite un forum d’idées auquel ont participé les plus éminents critiques internationaux. Elle se souvient du regretté Marc Soriano, ou du Jury Andersen 1970, où elle a acquis le surnom de « Madame Littérature de demain » pour sa défense enthousiaste de Gianni Rodari qu’elle avait traduit et fait traduire pour l’occasion.
Très fière aussi que Bologne soit une plate-forme de résonance mondiale, associée à la BIB de Bratislava (le lauréat est mis en valeur sur la couverture du catalogue Illustrators Annual), et le premier lieu où les nouvelles sont claironnées à la planète, ainsi des Prix Andersen et Astrid Lindgren, ou du tout nouveau Prix du meilleur éditeur.
Peu de loisir pour flâner ! A peine le temps d’une collation avec Sylvie Neeman et Barbara Bonardi sous les arcades, d’un prosecco avec Thomas Perino, ravi d’avoir profité du charter organisé par la Charte, d’une conversation sur la Piazza Maggiore avec Minne et Daniel Pennac tout juste intronisé Doctor honoris causa de l’Université de Bologne, avec Letizia Galli ou Carme Solé Vendrell venue d’Espagne avec sa fille….
Un jubilé fort réussi. Dommage que le soleil n’ait pas été invité à la fête…
par : Parole
Revue