(Timisoara, actuelle Roumanie, 9 novembre 1915 – Grisy-lès-Plâtres, Vexin, 11 avril 2005)
Peudonyme d’André Farkas, artiste naturalisé français en 1939, mondialement connu, l’un des grands noms des arts graphiques du XXe siècle.
Il suit les cours de Beaux-Arts de Budapest puis vient à Paris où il entre à l’atelier de Cassandre.
Au début de la guerre, il épouse une anglaise, Margaret Edmunds dont il aura deux enfants.
D’une créativité, d’une inventivité, d’une lucidité et d’une énergie impressionnantes, il fut dessinateur de presse, illustrateur de livres pour enfants, mais aussi pour adultes, affichiste, peintre, sculpteur et décorateur de théâtre, de ballets et d’opéra, virtuose dans toutes les techniques: gravures diverses (lithographie, aquaforte, sérigraphie), dessins à l’encre ou au crayon, au pastel ou au fusain, peintures à l’eau, à l’huile ou acrylique, collages incongrus de toutes sortes de matériaux, vaisselle cassée, bois flottés ou brûlés, ferraille, plomb fondu, objets détournés et mariés, dans des compositions dissonantes ou harmonieuses, avec un humour qui n’exclut ni le sens, ni l’exigence, s’exprimant dans tous les registres, du tendre au décalé, du poétique à l’érotique, du fantaisiste au tragique, de l’absurde au grotesque, du joyeux au macabre.
La célébrité, il l’acquiert avec ses affiches, publicitaires ou cinématographiques et par ses nombreuses couvertures de magazines (The New Yorker, Graphis) dont certaines ont fait date dans l’histoire du graphisme.
Il collabora avec de nombreux journaux, Punch, Le Matin de Paris, The Observer, Le Monde , Le Nouvel Observateur ou Télérama et la revue de santé mentale VST à laquelle il a fourni, sur des textes de Vincent Pachès, des dessins forts et parfois dérangeants.
Une grande rétrospective de la Bibliothèque Forney a permis, en 2003, de prendre la mesure de l’importance considérable de son œuvre sur papier.
Son atelier et toutes les archives et œuvres qu’il contenait ont été détruits dans un incendie en décembre 2002. Il surmonte cette tragédie, crée de nouveau, à 87 ans, avec une fébrilité juvénile retrouvée, et intégre les débris calcinés ou fondus des décombres dans des oeuvres crépusculaires et particulièrement chargées d’émotion qui seront montrées à Beaubourg, au printemps 2004, dans une exposition rédemptrice, L’épreuve du feu.
Il a illustré pour les adultes et pour la jeunesse, mais il n’y a guère de différence de style ou d’inspiration entre ces deux domaines. C’est l’une des raisons pour lesquelles ses livres pour enfants ont bouleversé le paysage éditorial des années 1950.
La plupart paraissent alors aux États-Unis et seront peu traduits. Il illustre, dans la veine de ses dessins pour la presse adulte américaine, des croquis farfelus, d’un humour candide et joyeux, sur des textes de Isobel Harris (délicieux Little Boy Brown), Peter Mayer (An Idea is like a Bird ), et surtout John Symonds (The Magic Currant Bun , Travelers Three , William Waste, The Story George Told Me, Grodge-cat and the Window Cleaner).
Pour la Lettre des îles Baladar, publié par Gallimard en 1952 et réédité en 2007, Jacques Prévert juxtapose a posteriori un texte résolument anticolonialiste sur les dessins burlesques et grinçants d’André François. Une audace anticonformiste absente alors dans les livres à destination de la jeunesse.
Il crée le texte et les images de son album le plus célèbre, Les Larmes de crocodile, publié par Robert Delpire en 1956 et réédité en 2004, petit chef d’oeuvre qui balaie, d’un coup de crayon et de plume malicieux, audacieux et libérateur les mièvreries, les conventions ou les contraintes pédagogiques alors souvent attachées au livre d’enfance..
On ne trouve plus L’Odyssée d’Ulysse, Tom et Tabby, On vous l’a dit ni même
Qui est le plus marrant ? publié par L’École des loisirs,en 1971, maison qui a pourtant conservé, en logo, un papillon créé par André François. En revanche, Jacques et le haricot magique (Grasset, 1983), Arthur le Dauphin qui n’a pas vu Venise (Le Mascaret, Bordeaux, 1987.) et Roland (Circonflexe, 1992) sont toujours disponibles de même que Le Fils de l’ogre , (Hoëbeke / Motus, 1993 ) ou Le Calumet de la paix, (Lo Païs, 2002) sur des textes de l’écrivain-éditeur François David où André François peint des ituations vigoureuses et grinçantes, presque violentes, qui cousinent avec un surréalisme très personnel .
De nombreuses distinctions internationales lui ont été décernées dans tous les domaines des Arts graphiques. Il fut membre honoraire du Royal Designers of Industry, et Doctor Honoris Causa du Royal Collège of Art de Londres. Il a également présidé un jury d’Arts graphiques au Japon.
Surtout, son courage, sa modestie en dépit de sa renommée et de son talent si novateur, en font la référence incontestée, le modèle admiré et respecté de la plupart des illustrateurs de deux générations.
Janine Kotwica
Dictionnaire encyclopédique de littérature de jeunesse
Cercle de le Librairie, 2013
André François – The Biting Eye Introduction de Ronald Searle Perpetua Books, 1960.
Ragon (Michel), « André François » Jardin des arts, Décembre 1966- N° 145.
André François Herscher, 1986.
Kotwica (Janine), « Un Posthume sur mesure, Hommage à André François » Revue des Livres pour Enfants, avril 2006- N° 228.
Delpire(Robert), André François Delpire (Poche-Illustrateur), 2006.
par : Cercle de la Librairie
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