De Zaü, le Roi des Barbus, peu importe de connaître le patronyme de naissance. C’est sous son pseudo qu’il a réalisé ses dessins publicitaires si créatifs, ses logos concis et percutants et les images de la presque centaine de livres pour la jeunesse qu’il a magistralement illustrés, avec la luxuriance de sa palette, la variété de ses techniques, la vigueur de son trait et la générosité de ses ambiances.
Personne ne peut oublier le dynamisme de ses scènes sportives (Entraînement pour les J.O. de Barcelone, Le match de foot qui dura tout un été, Le tour de France sur mon beau vélo jaune), la tonicité et l’élégance de ses calligraphies (La grande parade des lettres), le lyrisme de ses paysages (Première année sur la terre), la sensibilité de ses portraits d’enfants (Manon Coeur citron, La petite fille qui ne souriait plus), l’exotisme de ses carnets de voyage (Une cuisine grande comme le monde), l’authenticité de ses illustrations africaines (L’esclave qui parlait aux oiseaux, Le zébu né d’un oeuf d’oiseau du Paradis) et l’humanisme de ses messages antiracistes (La cour couleurs, Le grand livre contre le racisme, Mon premier livre de toutes nos couleurs).
Mais sait-on que cet illustrateur prolifique est aussi un homme qui aime les femmes?
L’a-t-on vu, lion superbe et facétieux, entourer bravement les épaules de la première gazelle égarée entre les allées d’un Salon pour poser victorieusement devant mon objectif indiscret?
Imagine-t-on que cet ogre au cœur tendre dénude celles qu’il appelle «ses dames» d’un regard gourmand pour mieux les croquer, sur des vastes feuilles, de son pinceau et de sa plume alertes et sensuels ? Et ces merveilles, quasi inconnues car souvent inédites, s’accumulent dans ses cartons ou jonchent le sol des ateliers, le parisien et le picard, de cet artiste aussi modeste que talentueux.
Lui qui s’est toujours discrètement refusé à écrire les textes de ses albums sait pourtant raconter une histoire. En témoigne la succession experte des épisodes de ce Elle & Lui, drôle et savoureux, qui nous raconte une scène de séduction sans l’aide, ici bien superflue, d’un quelconque texte.
Premier livre d’un nouvel éditeur, gageons qu’il lui portera chance. En effet, Zaü inaugura, en 1967, avec Nonante de Gros-Pilon, le catalogue de L’Ėcole des Loisirs et on sait l’importance que cette maison a prise depuis dans le paysage éditorial mondial. De bon augure, non? Et je suis heureuse et fière de porter ce nourrisson iconoclaste et joyeux sur les fonts baptismaux de Napodra.
par : Divers
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