Depuis la fin des années septante, lors de ses nombreux séjours en Tunisie, May Angeli a collaboré avec son ami Moncef Dhouib, homme de théâtre et de cinéma sfaxien. Pour lui, elle créa et réalisa des décors et des costumes, ainsi ceux d’un spectacle de marionnettes, La geste hilalienne, et composa les visuels de nombreuses affiches, ainsi ceux d’un spectacle de Marionnettes, La Geste hilalienne, et composa les visuels de nombreuses affiches comme celle du film La Télé arrive dont une version géante occupa, à Paris, l’esplanade de l’Institut du monde arabe en 2006.
Les deux compères ont célébré ici, en parfaite osmose, le printemps arabe et la révolution de jasmin, en mettant en scène, dans une cruelle fable politique, amère et dérisoire, la violence des abus du pouvoir et le leurre de la soumission aux puissants. Moncef Dhouib, auteur d’une vingtaine de scenarii, y a fait œuvre de talentueux conteur et May Angeli a saisi, avec vigueur, les bois et les gouges qui ont fait sa réputation d’experte xylographe, pour nous narrer la triste histoire de trois buffles, veules et désarmés, victimes de la ruse rapace d’un lion affamé.
Le texte, sobre et puissant, est illustré d’une simple bichromie : un jeu subtil avec le blanc du papier, couleur du premier bovidé dévoré, un trait assuré à l’encre noire, couleur du dernier buffle assassiné, et, prégnant, un jaune solaire écrasant, pelage du deuxième buffle sacrifié. Virtuose dans la peinture animalière et végétale, May Angeli a rendu expressives, quasiment humaines, les postures et sentiments des bêtes, illuminé les ciels nocturnes tropicaux d’une profusion d’étoiles et donné une vie lyrique et réaliste à la fois aux acacias et tamariniers de la vallée, aux graminées de la savane et au tronc pachycaule du baobab.
Moncef Dhouib
Illustrations de May Angeli
Le lion et les trois buffles
Seuil jeunesse, 2014. Dès 5 ans.
par : Parole
Revue