Vingt ans de MeMo : Le Petit Brown
C’était en 2010, au pont de l’Ascension. Madame Mo est arrivée, sans son Monsieur Me, en gare de Creil, avec un petit chapeau noir et une valise à roulettes. Après un café dans un bistro populaire du quartier, bruyant et coloré, nous avons rejoint ma campagne pour un plat d’asperges printanières. Le but de cette escapade picarde ? Découvrir ma collection d’enfantina d’André François : beaucoup d’entre eux sont, faute de traduction, inconnus en France, et nombre des livres français, non réédités, sombrent dans l’oubli. Alors, séduire Madame Mo faisait partie de mes rêves. Pensez donc, une réédition par MeMo, quand on connaît le soin infini porté à chaque publication de cette belle maison, il y a de quoi faire fantasmer une bibliophile impénitente, de surcroît amie d’André François…
Revoir des livres, que je connais pourtant si bien, en sa compagnie a été un enchantement. Bigre ! Quel œil ! Et même sans son compte-fils, resté en perm à Nantes… Son regard m’a confirmée dans ce que je subodorais déjà, à savoir la magnifique qualité du travail d’impression réalisé sur la plupart de ces albums. J’ai été très touchée, aussi, par son admiration pour le trait époustouflant de l’artiste et son émotion à la découverte d’histoires universelles, qui ne vieilliront jamais.
Elle a emporté plusieurs de ces livres, et j’ai croisé les doigts. J’eusse tellement aimé qu’elle les rééditât tous !
En mai 2011, alors qu’elle venait présenter ses rééditions patrimoniales au tout nouveau Centre André François, Madame Mo a dévoilé le nom de l’élu. Ce serait le premier livre pour enfants d’André François paru aux États-Unis et jamais traduit, Little Boy Brown : un excellent choix que ce bijou de tendresse malicieuse et de poésie loufoque.
J’étais aux anges.
J’ai présenté Christine Morault, dans un café près de la Bastille, aux enfants d’André François. Elle les a convaincus. E la nave va !
Françoise Morvan fera, avec finesse, la traduction du texte de la musicienne Isobel Harris et Le Petit Brown naîtra avec les marques d’amour qu’il mérite, une illustration en tons directs, un beau papier velouté et une reliure sous jaquette semblables à celle de l’édition de 1949. Une prouesse que cette perfection éditoriale, quand on sait que les originaux de tous les livres d’André François ont brûlé dans l’incendie de son atelier en décembre 2002 et que MeMo a travaillé à partir de l’édition américaine. J’ai été très flattée que Christine me demande quelques mots de présentation pour le rabat de la jaquette. Une merveilleuse aventure…
Alors, une telle réussite a attisé ma gourmandise, et j’attends, avec une impatience non dissimulée, le retour de Madame Mo, avec ou sans chapeau, plutôt avec que sans Monsieur Me : j’ai encore quelques trésors d’André François à leur disposition. Qu’on le leur dise !
JK
16 juin 2013
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