Illustrateur né le 4 décembre 1939 à Saint-Etienne-du-Grès dans les Bouches du Rhône, diplomé en 1961 de l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille, Henri Galeron a assumé la direction artistique des Jeux éducatifs chez Nathan de 1972 à 1974. Ses débuts dans l’illustration se feront d’abord sous la houlette de François Ruy-Vidal puis de Harlin Quist et enfin de Pierre Marchand aux éditions Gallimard, où il a toujours continué à publier, avec quelques infidélités chez Bayard (couvertures de la collection Chair de poule), chez Motus, avec François David, pour qui il a illustré quelques livres élégants et raffinés et, plus récemment, aux éditions des Grandes personnes, avec Brigitte Morel, où son anticonformisme entre en connivence avec l’esprit créatif de cette belle maison.
Fortement influencé par le courant surréaliste, cet artiste rare et discret a été aussi marqué par Robert Crumb et les dessinateurs de l’underground américain, le Push Pin Studio, Seymour Chwast ou Milton Glaser. Admirateur de Savignac, il a hérité de lui la concentration d’idées qui rend si efficaces ses images de Quand ou des Histoires naturelles de Jules Renard, et, aussi, ses nombreuses couvertures de magazines et de romans réalisés avec Massin, ses pochettes de disques, ses affiches et ses séries de timbres-poste…
Il a, certes, illustré, pour les collections Découverte de Gallimard , de nombreux documentaires, mais c’est grâce à ses interprétations jubilatoires et décalées de textes littéraires déjantés, oniriques et inattendus qu’il a acquis sa notoriété.. Il a ainsi imagé, dans la regrettée collection Enfantimages, La pêche à la baleine de Prévert, Le pont de Kafka dont il a su rendre l’onirisme dérangeant ou la Lettre d’anniversaire de Lewis Carroll, textes considérés comme inillustrables, ou encore Voyage au pays des arbres de Le Clézio. Il a mis son talent au service de l’extravagance d’Edward Lear et de Michel Besnier, réinterprété avec brio Trois contes d’Alphonse Allais et magnifié la sensibilité de François David (Une petite flamme dans la nuit).
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Il utilise des techniques diverses et ne boude pas l’assistance de l’ordinateur comme dans les images du livre très oulipien de Daniel Mermet, L’île du droit à la caresse, texte inspiré des Jabberwocky carrolliens édité par les éphémères éditions Panama..
Tom et son ombre, illustré en douceur au crayon noir sur un texte de sa fille Zoé, lui est particulièrement cher.
Ses dernières publications pétillent d’intelligence et de fantaisie (Le Chacheur, Paysajeux , Dans mon oreille , Papillons et mamillons, ABCD , Au bout du bout): un salutaire bain de jouvence.
En 2013, il a réalisé, pour l’Opéra du Capitole de Toulouse, les décors et les costumes de L’Enfant et les sortilèges sur le célèbre livret de Colette.
François Vié lui avait consacré une intéressante monographie publiée par Gallimard en 1985.
par : Les Maîtres de l'imaginaire