(Fontenay-aux-Roses, 27 juin 1966) Katy Couprie, artiste peintre, plasticienne, graveuse, photographe, illustratrice, est professeur, depuis une dizaine d’années, au Département des images imprimées de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris dont elle est diplômée et où elle s’est initiée à toutes les techniques de la création. Elle a étudié ensuite, grâce à un Exchange student, la photographie à Chicago à la School of the Art Institute. Elle commence sa carrière d’illustratrice par un Carnet du monde, Vélo: sur la route du Tour, sur des textes de Pascal Pierozzi & Jean-Bernard Pouy (Albin Michel, 1991). La qualité picturale et la créativité graphique de ses images associées à la maîtrise de plans audacieux l’ont très vite fait remarquer et cela dès ses premiers livres parus chez Syros (Le Petit indien, l’ours et la rivière, Alain Serres, 1993). et surtout au Sourire qui mord sous la houlette de Christian Bruel, Robert Pinou (1991), tendre et audacieux, .Anima (1992), très beau livre en fresque-accordéon et Je suis le chien (1993), à l’humour décapant. Les images raffinées en camaïeu de gris de Cocottes perchées, parodie volaillère des Exercices de style de Raymond Queneau sur un texte très drôle de Thierry Dedieu et Nic Nac Noc, livre original à trois volets de Katy Couprie, Claude Lapointe et Pascal Dolémieux, confirment la réputation de ce jeune talent.
Avec la complicité d’Antonin Louchard qui l’appelle sa « compagne de papier », elle a fourni trois titres à la collection « Tête de lard » chez Thierry Magnier, deux sans texte, Des milliards d’étoiles (1998) et Dodo (2001), et Oh! La vache! (1998), petit bijou graphique avec un texte minimal. C’est aussi de leur féconde collaboration que sont nés quatre célèbres imagiers thématiques, pavés ludiques, intelligents et quelque peu provocateurs, sortes de marabout- bout de ficelle de l’image, où se télescopent tous les codes du genre.et où sont utilisées toutes les techniques imaginables (sculpture, installations, photographie, photogramme et monotype, collage, peinture à la gouache, à l’acrylique, à l’huile ou à l’aquarelle, dessin au crayon, pastel gras ou sec, linogravure, xylographie, pointe sèche et aquaforte, sérigraphie), et cela sur divers supports. Tout un monde (1999), qui a dépassé les 50 000 exemplaires rien qu’en France, a été suivi de À table (2002), Au jardin (2003), et Tout un Louvre (2005), dont les originaux eurent l’honneur d’être exposés au Musée du Louvre où les deux artistes avaient travaillé à leur imagier durant une grande année. On s’y amuse, sans texte aucun, avec virtuosité, des clins d’oeil et des références, des associations d’idées, des parentés formelles et visuelles, des changements d’échelle, des effets de zoom, des cadrages, des points de vue et des mises en pages inattendus : une inventivité jubilatoire d’où la poésie et l’humour ne sont pas exclus, et qui explique ce succès éditorial rare dans des livres sans texte..
Particulièrement douée pour toutes les sortes de gravure (A deux mains, Thierry Magnier, 2001), Katy Couprie use aussi de la calligraphie avec un trait tremblé qui fait vibrer les mots et les dessins. Exploitant l’idée métaphorique du ballon qui roule, vole, tombe dans un très joli jardin, elle renouvelle la lecture de Le Bonheur, très célèbre poème de Paul Fort publié par Rue du monde en 2004. et offre quelques belles incursions dans l’édition pour adultes aux éditions Cheyne : L’Épreuve de la pierre (Jean-Loup Fontaine, 1994), Ce que me dit l’ensevelie (Patricia Castex-Menier, 2001), C’est corbeau (Jean Pascal Dubout, 2003).
Sa créativité et sa fantaisie s’expriment aussi sur son site, très révélateur de son univers graphique. Elle mène une remarquable réflexion théorique sur le statut de l’image et analyse avec pertinence et lucidité sa propre démarche artistique. Elle anime en outre, avec une grande finesse pédagogique, de nombreux ateliers avec son jeune public dont elle voudrait aiguiser « l’affûtage le regard ». De fréquentes expositions de ses illustrations mais aussi de son oeuvre personnelle lui ont été consacrées. Ce qui prime dans tout son travail, c’est la remarquable intelligence de la conception, certes, mais aussi la culture – Prince de naissance attentif de nature (Jeanne Bénameur, Thierry Magnier, 2004) fourmille de références cinématographiques – et la richesse d’un univers mental où l’obsession du temps et de la mort est teintée de dérision.
Janine Kotwica
Dictionnaire encyclopédique de Littérature de Jeunesse
Cercle de la Librairie, 2013
- Bouguennec (Chantal), « Katy Couprie, une démarche de création », Télémaque – Site du CRDP de Créteil, 31 juillet 2004.
- Couprie (Katy), « La surface et le fond » Revue des Livres pour Enfants, N° 214 – Décembre 2003.
- Roth (Madeleine) « Quatre mains, quatre yeux, un monde » Citrouille – Juin 2004.
par : Cercle de la Librairie
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