Voulez-vous jouer avec Stasys ?
C’est le jeu des ressemblances, qui me rappelle comment Gaston Gallimard fit un jour copier, très soigneusement, les dessins du Petit Prince, alors qu’il était “fatigué” de devoir demander les droits de ces images à l’éditeur américain Harcourt Brace pour chaque réédition… (voir Ricochet, Libres propos, “Les deux petits princes).
Regardez bien: cette fois le jeu est assez facile. Stasys a dessiné une page d’ouverture pour le catalogue de son exposition au Centre André François de Margny-lès-Compiègne. Et comme il est un artiste, n’est-ce pas, il a signalé sa présence en cette petite ville, mais a omis de mentionner le nom exact du lieu.
Aussi Janine Kotwica, qui a créé le Centre voici quatre ans et y a organisé 13 expositions, a –t-elle découvert le 21 juin que la nouvelle directrice, Catherine Palomar, avec beaucoup d’application, avait corrigé cette erreur à la main sur chacun des catalogues. Il faut bien justifier son emploi du temps.
Les choses se dégradaient depuis avril, lorsque la municipalité a nommé cette directrice improvisée pour”encadrer” Janine (c’est un assez joli mot !…) qui, depuis 15 ans avait organisé avec passion et grand talent des expositions dans cette localité.
Nous savons tous que l’illustration-ou dessin graphique- est un Art à part entière, qui souvent transpose les humeurs politiques et sociales du moment bien mieux que ce que l’on appelle “Art pur”; il nous faut des histoires, des images magiques, dès l’enfance.
Il nous faut donc des personnes qualifiées pour mettre en valeur ces images essentielles, pour affirmer leur pouvoir.
Stasys, Gilles Bachelet, Alain Gauthier, Emmanuelle Houdard, Louis Joos et bien d’autres ont confié leur oeuvre à Janine Kotwica, cette infatigable voyageuse qui parcourt l’Europe des ateliers, et a su présenter finement dans ses écrits l’esprit et la couleur de leurs créations. Elle a aussi, bien sûr, réveillé en France l’intérêt pour André François, par plusieurs expositions de cet immense artiste de réputation mondiale.
Kotwica n’est plus au Centre André François, sa démission a été acceptée “cordialement” par le maire. Que va devenir sans elle ce lieu d’exposition appuyé inconditionnellement par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et soutenu par les deniers publics de la Région? Cela pose clairement la question du financement public de la culture, qui a fonctionné en France assez remarquablement depuis la guerre: en période de difficultés économiques, va-t-on devoir recourir uniquement, comme aux Etats-Unis, à un appui de sponsors privés, avec toutes les conséquences que cela peut comporter ?
Le changement d’approche risque d’être difficile. Nous y avions déjà songé il y a trois ans, lorsque fut effectué le passage de Ricochet en Suisse à l’ISJM.
Etienne Delessert
publié le :02/06/2014
par :
par :