Les Dames de Zaü
Il faut avoir vu Zaü, quittant le salon de Mers-les-Livres, traverser gaillardement, sans presque tituber, la plage de gros galets pour affronter les vagues glacées de la Manche pour apprécier la vigueur qui anime sa main quand il trace, à larges coups de pinceau, les calligraphies de ses dédicaces.
Il met, dans les si nombreuses illustrations des livres d’enfants qui ont fait sa notoriété, la même énergie, mais doublée de sensibilité et de tendresse. Il en a publié plus d’une centaine, chez Nathan, Syros, Flammarion, Nord-sud, La Farandole, Épigones, Larousse, Hatier, Armand Colin, Gallimard, Casterman, Motus, Le Baron perché, Lo Païs, Rue du Monde surtout, et récemment, Bulles de savon. Il y fait preuve d’une extraordinaire maîtrise graphique, un trait assuré et des couleurs épanouies, à l’acrylique, au crayon, au pastel, à l’encre, et il y parle, en images, d’amitié et de sport, de racisme et de guerre, de voyages et de cuisine, d’enfants et d’animaux, de poésie et de peinture, toujours avec le même généreux talent.
Des titres souvent devenus célèbres, incontournables : Manon Coeur citron, L’Esclave qui parlait aux oiseaux, Une cuisine grande comme le monde, Le Petit cul tout blanc du lièvre, La Petite fille qui ne souriait plus, Première année sur la terre, L’Oiseau-livre, Hiroshima, deux cerisiers et un poisson-lune, Comment un livre vient au monde, Le Zébu né d’un oeuf d’oiseau du Paradis, La Grande vague, Je serai les yeux de la terre, Mandela l’Africain multicolore, Poètes qui êtes-vous ?, L’Enfant qui savait lire les animaux…
On ne peut les citer tous…
Mais en plus, sans trop les montrer, dans son jardin presque secret, il a toujours peint et dessiné des Dames. De grandes planches accumulées dans le capharnaüm de ses deux ateliers. Nues ou à demi dévêtues, sensuelles sans être lascives, pas vraiment tout à fait offertes, abandonnées avec une élégante retenue, désirées mais respectées, aimées, en fait.
Elles ont de la chance, ces belles dames-là…
Il avait publié une joyeuse pochade, Elle & Lui, qui narrait, sans texte, les amours d’une plantureuse dame et de son fluet amant. Il avait aussi réalisé un calendrier pour messieurs. Mais c’étaient des éditions confidentielles.
Dans ce Dessinées, les dames de Zaü seront dévoilées, enfin.
Une très heureuse initiative éditoriale….
publié le :02/02/2014
par : Préface à Dessinées
par : Préface à Dessinées