Après avoir passé près d’un quart de siècle à Paris avec de fréquentes escapades iodées aux mythiques Roches noires de Trouville, déplaçant ses Pénates de Port Royal au Marais, à l’île Saint Louis, puis à Saint Germain et Montparnasse, Letizia Galli est retournée couler des jours heureux en Italie, sur une colline fleurant bon les herbes de la Toscane, à l’ombre des oliviers, avec, à ses pieds, le panorama mordoré de sa Florence natale.
Agata Smeralda
Peu étonnant, alors, que les émotions de ce retour aux sources lui aient inspiré le texte et les images d’un nouvel album dont l’histoire se déroule à Florence, durant la Renaissance, dans le superbe Hôpital des Innocents réouvert au public, après travaux, pour la Saint Jean 2016. Cet édifice, inauguré en 1419, complété, en 1445, par Franceso della Luna, conçu par Filippo Brunelleschi à qui on doit aussi le Duomo de la cathédrale, est l’un des plus anciens orphelinats d’Europe. Le premier enfant qui y fut déposé, comme en atteste un manuscrit archivé, fut une petite fille, dont le prénom, Agata Smeralda, a donné son titre à l’album. Tout au long du livre, Letizia Galli. intègre à sa palette le bistre austère de la pietra serena, elle fait siennes l’opulence des références artistiques offertes par ces bâtiments devenus musée. Architecte de formation, elle bouscule avec désinvolture les arches à l’antique, les arcades des cloîtres, les colonnades aux chapiteaux corinthiens, fait basculer la symétrie du portique qui clôt la Piazza della Santissima Annunziata et remplace, sur la couverture, le nourrisson emmailloté des célèbres médaillons en terre cuite de Andrea Della Robbia par la silhouette de son héroïne. Elle donne un rôle protecteur et éducatif aux contes de la Dame en rouge, somptueuse Madonna con i piccoli Innocenti de Domenico di Michelino, conservée dans les collections de l’Ospedale généreusement doté par de riches mécènes. Elle s’approprie aussi des éléments socio-historiques pour les intégrer dans le parcours de la fillette qui apprend le métier de tisserande pour se constituer une dot, comme c’était l’usage dans cet édifice commandé par la puissante corporation Arte della Seta . Elle saisit le pittoresque et la vitalité du quotidien turbulent de cet asile plein de bambins. Et l’émotion est présente dans le parcours initiatique de cette gamine abandonnée vêtue de fines dentelles, sans doute bâtarde d’une grande famille, qui traverse les épreuves d’une enfance sans affection pour parvenir à l’émancipation et à l’amour du jeune homme de son choix. La devise latine qui surmonte la niche où les enfants étaient déposés sur une roue, « Pater et mater reliquerunt nos, Dominus autem assumpsit » (Père et mère nous ont abandonnés, le Seigneur nous a recueillis), ne pouvait que toucher une artiste sensible et généreuse et faire résonner en elle d’intimes échos.
Enfants d’hier…
Avec Agata Smeralda qui paraît cette année en italien chez Panini, Letizia renoue avec la veine d’albums publiés autrefois aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Italie, en Grèce ou en Espagne, souvent inspirés par le patrimoine péninsulaire et inondés d’esprit d’enfance . Elle a ressuscité les jeunes promesses et l’anticonformisme de futures gloires artistiques de la Renaissance.
Ainsi évoque-t-elle, en texte et en images, Léonard de Vinci enfant (Mona Lisa, the secret of the smile, Bantam Doubleday Dell -New York, 1996), génial gaucher dont les propos faussement innocents font rougir de doctes vieillards. Elle ne néglige ni ses travaux scientifiques, ni son œuvre artistique, montrant, en outre, – clin d’œil savant aux spécialistes – les détails de son costume anachronique et annonçant mailicieusement la pyramide du Louvre qui accueillera sa Joconde.
Sur un texte de la scénariste Laura Fischetto ( Michael the angel, Bantam Doubleday Dell -New York, 1993), c’est aussi dès l’enfance qu’elle croque Michel-Ange, de ses apprentissages tumultueux dans l’atelier du peintre Domenico Ghirlandaio, ses extractions de marbre blanc dans les carrières ensoleillées de Carrare, jusqu’à l’édification de la monumentale nudité de son David que contemplent, éberlués, les Florentins.
Amoureuse de Fellini dont elle connaît merveilleusement la filmographie et goûte avec gourmandise l’oeuvre graphique, elle illustre Le Rêve de Federico sur un texte de Monica Sangberg, avec un humour savant, bourré de citations picturales et cinématographiques (La Strada, Les Clowns, Amarcord, Et vogue le navire, La voix de la lune…). Cet album poétique, émouvant et drôle à la fois, Prix CIELJ Encres et sels d’argent, accompagna un hommage du Festival de Cannes au grand metteur en scène en.1994, au moment du décès de Giuletta Masina, un an après la disparition du Maestro (Alternatives, 1994 – Archinto Edizioni-Milan, 1994).
… et d’aujourd’hui
Federico Fellini, Michel-Ange, Léonard de Vinci, elle les avait saisis dans la spontanéité de leur enfance pleine des promesses d’un futur prestigieux. Mais les héros qu’elle crée de toutes pièces, évoluant dans des ambiances citadines, peuvent être aussi des enfants d’aujourd’hui, anonymes, dont le présent n’est guère prometteur de lendemains qui chantent : gosses des rues, russe, caraïbe ou né dans les milieux latinos…
Ainsi en est-il de Igor, petit mendiant moscovite (Connais-tu Igor? Prix : Octogone – Deutsche Akademie für Kinder und Jugendliteratur – Eselsohr, 1998), qui, illumine de sa vitalité et de ses espoirs les couloirs mortifères du métro de Moscou, et qui, comme Agata Smeralda, trouve en lui les ressources et l’optimisme qui lui permettront de vaincre le handicap social. Ce livre valut à son auteur les félicitations de la famille Romanov.
A Willie Moon, rappeur en herbe (Le Rythme de la rue, Circonflexe, 1997 – Pro Juventute Verlag- Zürich, 1997), elle insuffle son infatigable énergie et son amour de la musique et de la danse. L’on retrouve ici l’atmosphère du début de Manhattan de Woody Allen ou – Gershwin encore- de Un Américain à Paris, mais aussi les percussions des Amériques d’Edgard Varèse, les sonorités de Central Park in the Dark de Charles Ives ou encore des Diamorphoses de Xenakis : l’univers urbain ne produit pas de « bruit » comme le croient ceux qui ne savent pas écouter, mais des rocks et des raps très entraînants qui réjouissent les jeunes oreilles et mettent incoerciblement les corps en mouvement.
Ses voyages et ses affinités caribéennes lui inspirent l’aventure d’Abdou, jeune graçon noir troublé par les mystères des mondes parallèles (Comme le papillon, 2000, devenu Comme un vol de papillon, 2009), qui s’envole vers des ailleurs de rêve qui semblaient inaccessibles.
La Planète Orbis (Jasor, 2002), étonnant petit roman de science-fiction, inaugure sa collaboration avec la garnde romancière guadeloupéenne Maryse Condé. .Le héros, José, orphelin de 10 ans, a perdu ses parents dans un accident de voiture. Pour oublier son chagrin, il se porte volontaire pour un voyage vers la Planète Orbis, univers glacé et futuriste où de bizarres extraterrestres vont l’éduquer et lui infuser un message d’humilité, d’amour et d’harmonie.
On le voit, du petit d’homme, elle croit non seulement qu’il peut, avec bonheur, s’approprier tous les fondements de notre culture, mais, davantage, qu’il est aussi capable de résister à la pauvreté matérielle, à la marginalisation sociale, à l’abandon affectif et au désespoir.
Du côté des petites filles
Après une flopée de garçons, en 2005, Letizia Galli fait naître, enfin, une fille (La Folle équipée, Grasset Jeunesse)! Dora, la petite mexicaine perdue dans l’immense cirque de Las Vegas, revient, grâce à la médiation d’un oncle attentif, d’un voyage kafkaïen dans un monde parallèle, celui des métamorphoses inquiétantes, des monstres improbables et des terreurs qu’ils engendrent. Un message discrètement féministe et une illustration futuriste qui fait la part belle aux architectures agressives et aux néons violemment colorés d’une infernale ville nocturne, infiniment éloignée des cités-musées de la belle Italie. Un discret hommage à Rosenquist et Rauschenberg, servi par des techniques mixtes très élaborées et d’audacieux collages de matières.
Les évocations féminines ne manquent pas dans A la courbe du Joliba (Grasset Jeunesse, 2006), récit quasiment autobiographique de Maryse Condé, maman de trois filles. Les portraits d’enfants, créés à partir des photos familiales de la romancière, y sont particulièrement réussis et sont si expressifs qu’ils font ressentir la connivence de la mère et de ses filles, mais aussi la complexité de leur entrée dans l’adolescence. L’illustratrice y montre l’Afrique millénaire avec ses paysages (savane, désert, fleuve), sa végétation, son bestiaire, ses petits métiers pittoresques (brodeuse, écrivain public, pêcheurs…), ses marchés, ses tissus, son artisanat, sa cuisine, ses termitières, ses bus et bateaux, ses mosquées avec leurs mendiants et les talibans des écoles coraniques mais aussi l’Afrique contemporaine tentée par la mondialisation et la séduction de l’Amérique.
Ces figures féminines au tempérament affirmé nous rappellent que Letizia Galli contribua un temps, avec une distance ironique, à la cause des Editions des Femmes : Jamèdlavie (1977), sur un texte de Adela Turin, fut un plaidoyer un peu caricatural contre le mariage, imbibé d’une idéologie féministe désormais désuète.
Une jeunesse rebelle
C’est dans sa propre jeunesse, et dans son propre tempérament libertaire, que Letizia Galli a puisé la justesse psychologique et l’allant de tous ces portraits.
Née à Florence le 14 mars 1944, elle y vit ses années d’enfance. Maladive, rêveuse et imaginative, indisciplinée, curieuse de tout mais inadaptée à l’école, elle passe de longues heures à dessiner dans des carnets que sa mère a un jour cruellement détruits. Car elle est élevée à la dure et souffre de l’incompréhension de ses parents qui ne croient pas en son talent et refusent son entrée aux Beaux-Arts. Ce n’est que fort tard, en mars 1991, alors que son travail d’illustratrice est exposé par Christiane Abbadie-Clerc au Centre Pompidou qu’elle est, enfin, gratifiée de l’admiration de son père flatté par le prestige du lieu. Elle résiste aus rigueurs de cette pesante autorité, et c’est cette opposition parentale qui lui a, dit-elle, « trempé le caractère » et l’a « poussée à l’émancipation ».
Elle lit Pinocchio, Alice, Struwwelpeter et trouve des modèles dans ces petits héros indomptables qui partagent avec elle l’ivresse de la transgression.
Son père eût aimé qu’elle fît des études de droit, mais pactise en lui proposant d’embrasser une carrière d’architecte. Elle lui démontre ses capacités en obtenant brillamment son diplôme mais elle quitte très vite ce métier pour s’adonner à sa vocation d’artiste. Elle garde, de son expérience universitaire dans le domaine de l’architecture, un art des proportions, une aisance à occuper l’espace de la feuille, une structuration élégante des décors qui seront une des marques de ses images. Elle aura toujours l’art de dépeindre la rue, ses maisons anciennes, ses monuments, ses églises, sa statuaire, mais aussi ses immeubles contemporains, avec un anticonformisme jubilatoire.
Des débuts prometteurs
Elle se lance très vite, avec allégresse, dans la publicité et le dessin de presse (Grazia, Panorama entre autres). C’est une époque particulièrement joyeuse : grande est la liberté de créer et elle s’épanouit, guidée par des directeurs artistiques ouverts et dynamiques. Elle acquiert une expérience graphique qu’elle réinvestira plus tard dans la conception de ses albums Elle publie à Milan, en 1975, son premier livre, avec un titre lumineux qui lui sied à ravir, C’era una donna bella come il sole (Emme Edizioni) et en France, chez Grasset Jeunesse , en 1977, Chez moi, sur un texte de René de Obaldia.
Dans le Corriere dei Piccoli, journal qui avait charmé son enfance, elle image, en 1978, des bandes dessinées sur des scenarii de Dara Kotnik, Le Fiabe dell’Opera Lirica, qui adaptent, pour les enfants, les livrets des grands opéras. Elle y rend hommage, non sans jubilation, à ses souvenirs de petite fille émerveillée voyant passer devant ses fenêtres, les décors impressionnants de la scène lyrique florentine auprès de laquelle elle a passé ses premières années..Ensuite, chez le même éditeur, elle fait entrer, dans le bagage imaginaire de l’enfance, des adaptations de grands textes du théâtre européen, Shakespeare, Goldoni, Brecht, Pirandello (Teatroteatro, 1980).
Elle a trouvé sa voie…
Références et techniques
Italiennissime, elle a, bien évidemment, subi les influences picturales des grands maîtres italiens, admirant le pur Giotto et, plus que tout, Masaccio, son insolence, ses touches dynamiques et ses perspectives audacieuses.
Mais sa patrie n’est pas sa seule source d’inspiration.
Les provocations d’un Robert Rauschenberg l’enchantent. Les adeptes du pop-art l’inspirent. Sas dette envers l’avant-garde russe a été maintes fois soulignée : Malévitch, bien sûr, mais aussi Viktor Palmov et Alexandre Chevtchenko, ou les architectures de Alexandre Kouprine, et plus encore, pour ses idées plus que pour son graphisme, Pavel Filonov. Certaines illustrations de Letizia Galli, « abstracto-narratives », semblent une application directe des théories de cet artiste sur « l’œil qui voit », créateur de la couleur et de la forme, porté sur le figuratif, et « l’oeil qui sait », témoin oculaire de l’invisible qui découvre intuitivement les processus cachés et les exprime par l’abstraction.
Elle aime la danse et les rythmes syncopés s’insinuent dans la composition de ses pages, dans le mouvement frénétique de certaines illustrations et dans la ligne mélodique de son nuancier qui joue, avec virtuosité, des camaïeux, des accords ou des dissonances.
Il y a du déhanchement et du balancement dans les élans graphiques d’Igor ou de Willie Moon, et il y en avait déjà dans les courses du petit Michel-Ange qui danse dans un univers où même les architectures semblent se trémousser selon une harmonieuse chorégraphie. Il y en a encore dans la sarabande effrénée des acteurs de Arlequin et la robe verte.
Présence musicale encore dans un texte humaniste et futuriste, La planète Orbis, voyage initiatique dans la voie lactée, qui inaugure une collaboration pleine de promesses entre deux tempéraments libertaires qui ne pouvaient que s’entendre: José, le jeune héros créé par le grand écrivain guadeloupéen Maryse Condé, est lui aussi passionné de rap et de reggae…
Ne soyons pas surpris de découvrir que Letizia Galli a créé des couvertures de disques et des affiches pour des soirées de danse, que les rythmes sensuels des musiques afro-américaines ne sont pas étrangers à son attirance pour les Antilles et qu’elle nous pardonne de dévoiler ici qu’elle met la dernière main à un livret de comédie musicale très contemporaine…
Ainsi, au fil de l’œuvre, le message change, s’approfondit, en même temps que les techniques évoluent.
Des encres sur Fabriano de Jamèdlavie, des aquarelles sur Arches de The Jungle is my Home, où elle manifeste une remarquable maîtrise ((tout au pinceau: pas la moindre reprise des contours à la plume…), aux huiles du rythme de la rue où elle inaugure les fonds sablés, jusqu’aux acryliques sur sable, aux collages contemporains de textures incongrues et à l’assistance de l’ordinateur, l’évolution est passionnante. Le talent de la coloriste s’affirme progressivement, gagnant en raffinement et en subtilité, jouant de la variété des palettes, des camaïeux doux ou sombres, des accords délicats ou des dissonances les plus osées.
La mise en page, elle aussi, est intelligente, ménageant toujours astucieusement la place du texte qui se trouve intégré dans l’espace illustré, en harmonie, et parfois même avec humour. De la belle ouvrage!
Une esthète exigeante
Ses techniques ont évolué au fil des années, et elle est constamment en recherche, pratiquant l’aquarelle, la gouache, les huiles ou l’acrylique sur fond sablé, les collages traditionnels ou… retravaillés sur Photoshop !
Textes fondateurs
Tradition et modernité. Patrimoine et anticonformisme dans sa transmission…
On retrouve cette constante dans ses très célèbres illustrations de la Bible.
« La poule aux oeufs d’or »…Ainsi surnommait-on cette étonnante « Galli » dont la ponte miraculeuse, éloignée du conformisme des représentations sulpiciennes, fut traduite en quelque vingt langues et adaptée en une série télévisée de 7 heures et 54 épisodes.
Fructueuse collaboration avec les éditions Bayard, qui se poursuivit, avec sa complice Laura Fischetto, par une édition de légendes mythologiques à laquelle l’historienne d’art Véronique Schiltz apporta sa précieuse caution scientifique. D’où l’exactitude dans les références aux textes fondateurs- ce qui est unique dans l’édition pour la jeunesse française- malgré la distance humoristique et le traitement moderne des thèmes loin des conventions surannées de la peinture d’histoire traditionnelle.
Ces mêmes qualités auxquelles s’ajoute le pétillant d’un texte quelque peu iconoclaste, que, cette fois, elle écrit elle-même, on les retrouve dans la série des savoureux Sept dans la Bible. Incurie éditoriale, là aussi: Fleurus n’a eu ni la patience, ni l’intelligence, d’attendre que ces livres novateurs par leur esthétique et leur texte rencontrent un lectorat plus large et on ne les trouvait déjà plus, trois ans à peine après leur parution, chez nos libraires. Dommage…
Inspirations patrimoniales
Elle ose s’attaquer à la Bible pour une série télévisée de 72 épisodes (1987-1988), pour quelques titres dont deux livres traduits en 27 langues, et pour une tonique et imaginative collection de sept petits albums particulièrement réussis, drôles mais solidement documentés, Dans la Bible, il y a sept…, dont elle a écrit les textes en vers (Fleurus-Mame, 1997).
Sous le contrôle expert de Véronique Schiltz, elle revisite, avec une irrévérence cultivée, les mythes gréco-latins dans une Mythologie en deux volumes parue au Centurion (Prix Octogone, 1991) et rééditée, en Italie (Laps Edizioni, 2011). Les originaux, d’une beauté et d’une intelligence remarquables, furent exposés par deux fois dans le prestigieux Musée archéologique de Naples en 1995 et 2011.
Elle ose s’attaquer à la Bible pour une série télévisée de 72 épisodes (1987-1988), pour quelques titres dont deux livres traduits en 27 langues, et pour une tonique et imaginative collection de sept petits albums particulièrement réussis, drôles mais solidement documentés, Dans la Bible, il y a sept…, dont elle a écrit les textes en vers (Fleurus-Mame, 1997).
Sous le contrôle expert de Véronique Schiltz, elle revisite, avec une irrévérence cultivée, les mythes gréco-latins dans une Mythologie en deux volumes parue au Centurion (Prix Octogone, 1991) et rééditée, en Italie (Laps Edizioni, 2011). Les originaux, d’une beauté et d’une intelligence remarquables, furent exposés par deux fois dans le prestigieux Musée archéologique de Naples en 1995 et 2011.
« Regardez-la, c’est l’image de notre belle Italie; …nous nous plaisons à la contempler comme une admirable production de notre climat, de nos beaux-arts, comme un rejeton du passé, comme une prophétie de l’avenir … »
Corinne ou l’Italie (Madame de Staël)
« un rejeton du passé… une prophétie de l’avenir… »
, comme la série altermondialiste Mister Master créée à partir de 2008 qui retrouve, avec un style renouvelé, la dimension écologiste de The Jungle is my Home de 1991.
Letizia et les arts du spectacle
Mais pour une Italienne, le spectacle, plus encore que le cinéma, l’opéra ou le théâtre, c’est bien évidemment La Commedia dell Arte , genre auquel elle consacre un album délicieux, paru à New York en 1994, où Arlequin, Florindo, Pantalon, le Docteur et Polichinelle voisinent jovialement avec leur digne héritier Charlie Chaplin, plus intemporel qu’anachronique. Les jeunes éditions Des Lires, sous la houlette de François Ruy-Vidal, ont très heureusement édité en France, en l’accompagnant d’un solide dossier pédagogique, cet Arlequin et la robe verte , canevas dramatique joyeusement enlevé où la fantaisie bouscule allègrement la culture carnavalesque. La liberté de l’improvisation qui caractérise le genre se retrouve dans l’insolence enjouée avec laquelle l’artiste se moque des perspectives et des proportions, le brio avec lequel elle peint les sauts et cabrioles de personnages entraînés dans un Carnaval joyeusement mouvementé et la gourmandise d’une mise en couleurs qui conjugue subtilement acrylique et aquarelle.
D’où cet hommage encore aux héros légendaires de son pays, avec son All pigs on Deck où l’on découvre un épisode inattendu de la vie de Christophe Colomb et un espiègle pied de nez à ses tentatives coloniales: elle y dépeint une traversée de l’Atlantique mouvementée et y raconte comment le plus bel apport de la culture européenne aux jeunes Amériques est l’importation du … cochon !
historiques, tel Christophe Colomb détourné avec humour (All pigs on deck, 1991) ou les héros de la Commedia dell Arte emportés en une ronde endiablée (Harlequin and the Green Dress, 1994 – Des Lires, 2003). Tous ne sont pas, hélas! traduits en Français à ce jour.
Au fil de la vie et de ses rencontres, l’image de l’Italie « mère des arts et des lettres » s’estompe, le passé est rejeté dans les brumes des souvenirs enfouis, pour mettre en lumière d’autres lieux et nourrir d’autres sources d’inspiration .
Letizia Galli , la Toscane insoumise
Une artiste et une femme exigeante et raffinée, habitée par l’enthousiasme de créer, gourmande de rythmes exotiques et de gastronomie italienne, pleine d’une gouaille et d’une exubérance toute méditerranéeenes, résolument anticonformiste, généreuse envers ses chers amis et avec… le MIJ!
lg_kotwica
par :
Catalogue